#Télévision publique et réduction des dépenses : les propositions du gouvernement vs celles de France Télévisions

À l’initiative du Premier Ministre, le « comité d’action publique 2022 » planche sur le chemin que doit prendre l’action publique du gouvernement d’ici la fin du quinquennat avec pour objectif la baisse des dépenses.  Parmi les nombreux sujets abordés, celui de l’audiovisuel public français : les premières pistes de travail du comité ont fuité quelques heures avant l’annonce par France Télévisions de leurs idées pour réduire les dépenses. Une confrontation entre les propositions de l’Etat et celles de l’institution publique s’imposent.

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La piste de travail du gouvernement : une fusion des institutions du paysage audiovisuel public français

Dans le « document de travail », « pas validé par le Premier Ministre », paru dans Le Monde, le regroupement des différentes entités de l’audiovisuel public sous une seule et même holding est évoqué. Ce sont ainsi France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Arte et l’INA qui fusionneraient. Le comité soutient qu’une holding favorisera les synergies alors que les détracteurs d’une telle « BBC à la française » sera trop longue et trop couteuse à mettre en marche (notamment à cause de conventions collectives différentes et donc à renégocier).

Autre modification structurelle, les présidents d’institution ne seraient plus nominés par le gouvernement par le biais du CSA mais par les conseils d’administration des entités, comme dans le privé. Cette mesure permettrait de conserver une direction stable et donc une vision à long terme pour les chaînes sachant qu’aujourd’hui un patron de chaîne est susceptible de « sauter » à chaque nouvelle élection politique.

Le comité s’attaque également au réseau régional de France 3 qu’il souhaite voir plus efficient : recentrage de l’offre régionale et du maillage du territoire ainsi que fermeture des bureaux régionaux de France 2 sont préconisés. Toujours au niveau régional, France 3 et France Bleu devraient travailler main dans la main pour optimiser le traitement de l’information sans les détails sur la façon de mettre en place une telle stratégie soient avancés.

La dernière mesure proposée a été très commentée dans les médias après la publication du document : il s’agit de la fermeture de France Ô, chaîne de l’outre-mer. Dans le contexte actuel, suite aux grèves en Guyane et à l’expression du sentiment d’abandon par la métropole que ressentent les ultramarins, cette mesure semble politiquement inapplicable.

 

Les propositions de France Télévisions : s’éloigner de la fusion pour privilégier l’alliance au niveau européen, national et régional

Avec la création de Franceinfo, en partenariat avec France Info et avec la participation de l’INA, France Télévisions a déjà commencé l’application de sa stratégie de rapprochement « projet par projet » avec les autres institutions de l’audiovisuel public français dans le but de mutualiser les expertises et les moyens. Sur cette même idée de partenariat inter-institutions, FTV propose une mutualisation des fonctions supports comme les achats, la cyber sécurité ainsi que les régies publicitaires.

Des discussions entre la BBC britannique, la RAI italienne, la ZDF allemande, la TVE espagnole et les chaînes du groupe France TV sont en cours concernant un projet cher à FTV : la création d’un studio de co-production européen pour la création de séries ainsi que la création d’une plateforme européenne de vidéo à la demande pour contrer les géants américains. Là encore la collaboration est de mise même si un projet de service de vidéo à la demande européen similaire a déjà été avorté.

Au niveau national, FTV prône la collaboration avec Arte notamment sur la production de série pour atteindre qualité et réduction des coûts grâce à la mise en commun. L’INA est également invité à collaborer notamment sur des problématiques de formation du personnel (journalistes, techniciens…).

Au niveau régional, FTV veut développer des interconnexions entre France 3, France Bleu ainsi que les agences de presse régionales pour enrichir le maillage territorial et donc le traitement de l’information régionale.

Les approches globales du gouvernement et de France Télévisions sont donc diamétralement opposées bien que le but final soit le même : réduire les dépenses. En espérant qu’un terrain d’entente soit trouvé pour le bien du contribuable, premier réceptacle des programmes de FTV.

 

Sources:

Le remaniement de l’audiovisuel français par le gouvernement :

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/11/13/rassembler-france-televisions-et-radio-france-supprimer-france-o-les-pistes-choc-du-ministere-de-la-culture_5214257_3236.html

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/budget-de-l-audiovisuel-public-faut-il-mettre-france-televisions-au-regime-sec-15-11-2017-7393332.php

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/le-rapport-qui-prevoit-de-mettre-france-tv-et-radio-france-au-regime-sec-14-11-2017-7391304.php

La réponse de France Télévisions :

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/11/19/audiovisuel-public-la-reponse-de-france-televisions-au-gouvernement_5217310_3236.html

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/030902940571-reforme-de-laudiovisuel-public-france-televisions-leve-des-tabous-2131678.php

http://www.lefigaro.fr/medias/2017/11/20/20004-20171120ARTFIG00136-france-televisions-propose-un-big-bang-de-l-audiovisuel-public.php

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