Téhéran Tabou, la technique d’#animation au profit de la dénonciation

Sorti en salles le 4 octobre dernier, Téhéran Tabou, premier long-métrage du réalisateur Ali Soozandeh, s’attaque dans un chef d’œuvre d’animation à des thématiques interdites dans le pays du Shah, le sexe, la drogue, la prostitution et l’oppression.

 

SI Ali Soozandeh est né à Shiraz, en Iran, il y a 47 ans, il a fui le pays avec un faux passeport pour s’établir en Allemagne en 1995. Désireux de dénoncer la société schizophrène de son pays d’origine, où cohabitent les interdits religieux et juridiques et la prostitution, la drogue, et la corruption, le réalisateur s’appuie sur les récits de ses amis restés sur place et de compatriotes qu’il rencontre et dépeint une métropole où persistent des traditions et des lois passéistes, notamment vis-à-vis des femmes, malgré l’élection du président plus modéré Hassan Rohani en 2013.

 

La rotoscopie, un décalage pour mieux contextualiser
Au-delà de l’intrigue qui suit les destins croisés de quatre Téhéranais, la technique d’animation utilisée contribue à appuyer la dénonciation. En effet, le film est réalisé en rotoscopie, une technique consistant à faire jouer les acteurs devant des fonds verts (dans un studio à Vienne en l’occurrence) puis à redessiner les scènes, afin de les incruster dans les rues de la ville. Les animateurs du film ont notamment eu recours à un savoureux mélange d’animation, de peinture et d’images de synthèse afin de donner vie à Téhéran. La rotoscopie permet à la fois de contourner l’impossibilité technique de tourner en Iran et de dénoncer, au détour de cette double retranscription, la « double morale » qui régit les relations humaines dans le pays. Si le procédé artistique accentue la critique en la contextualisant, malgré la censure, elle cherche à montrer à quel point le discours officiel rigoriste est éloigné des pratiques frivoles voire obscures et dangereuses qui se jouent dans les rues.
Pour finir, on notera que, dans son atmosphère et la technique d’animation, Téhéran Tabou évoque un autre film d’animation, sorti en 2008, Valse avec Bachir d’Ari Folman.

Sources :

http://www.lepoint.fr/pop-culture/cinema/teheran-tabou-le-dessin-anime-qui-fustige-les-interdits-sexuels-05-10-2017-2162177_2923.php
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/10/04/teheran-tabou-de-la-misere-sexuelle-en-republique-islamique_5195812_3476.html
http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2017/05/21/cannes-2017-teheran-tabou-ou-l-iran-filme-en-rotoscopie_5131317_766360.html
https://www.lavantgarde.fr/teheran-tabou-persepolis-2-0/

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