Table Ronde lors du Forum Entreprendre dans la Culture « Prêts et garanties bancaires : Quelles solutions pour la filière ? »

Intervenants 

Pierrette BETTO, responsable du secteur entreprises, actions économiques et professionnelles, CNV (Paris)
Florent FEUILLOLEY, expert-comptable en charge du pôle Activités Culturelles, Cabinet Tonnon Et Associés, membre du Club Thot (Montpellier)
Edouard TUNC, attaché des affaires de l’IFCIC (Paris)

Modération

Matthieu MIEGEVILLE, directeur artistique de Jerkov Musiques (Toulouse) 

 

Ce jeudi 17 novembre 2016, dans le cadre du forum « Entreprendre dans la culture » au sein des locaux de la DRAC (Direction Régionale des Activités Culturelles), s’est posé la question des « Prêts et garanties bancaires : Quelles solutions pour la filière » culturelle, autour d’une table ronde animée par Matthieu Miegeville, directeur artistique de Jerkov Musiques (Toulouse). Trois axes ont structuré les réponses faites à cette question, essentielle sur un marché de la culture différent des marchés plus traditionnels, et donc moins enclin à séduire et inspirer les banques de confiance. A tout d’abord été abordé le crowdlending, autrement dit le prêt participatif, par Florent Feuilloley, expert-comptable en charge du pôle Activités Culturelles, Cabinet Tonnon Et Associés, membre du Club Thot (Montpellier). C’est ensuite l’aspect plus financier qui a été traité par Edouard Tunc, chargé d’affaire de l’IFCIC, l’industrie pour le cinéma et les industries culturelles. Et finalement, Pierrette Betto, responsable du secteur entreprises, actions économiques et professionnelles, CNV (Centre National des Variétés, Paris) a pris la paroles pour développer les aides fournies par ce dernier et expliquer ses modes de fonctionnement.

 

Le crowdlending, une alternative aux prêts bancaires classiques ?

Le financement participatif est un ensemble de techniques et de méthodes pour lever des fonds sans passer par des intermédiaires, dans le but de réaliser un projet. Il peut notamment prendre vie sous forme de dons, de dons avec contrepartie ou de prêts (aux entreprises ou aux particuliers). Florent Feuilloley a développé l’aspect du crowlending, différent du crowdfunding. Celui-ci consiste en un don sans contrepartie, alors que celui là se substitue aux banques pour financer un projet. C’est donc un placement qui a pour but d’être lucratif. Aujourd’hui considéré comme une réelle aide aux entrepreneurs, le champ du financement participatif s’est vu renforcé à travers le décret du 28 octobre 2016. En effet, il a été décidé que le plafond des prêts sans intérêt soit relevé de 4 000€ à 5 000€ par projet et par prêteur, en même temps que celui des prêts avec intérêt, qui lui aussi est passé de 1 000€ à 2 000€. Il est également possible de créer ce qu’on appelle des mini bons : ce sont des titres que les prêteurs peuvent émettre et qui sont négociés sur la plateforme de crowdfunding. Dans ce cas-là, il n’y a pas de plafonds.

Mais quels sont les avantages et les inconvénients du crowdlending ? Il est évident qu’une plateforme de financement participatif doive se rémunère, et pour ce faire, elle prélève des commissions assez élevées qui sont de l’ordre de 8 à 15% du montant global financé. Il est intéressant de noter que le montant de la commission n’est pas encore réglementé. Par ailleurs, la sélection des dossiers est souvent drastique : seuls 5 à 20% des dossiers sont reçus, après une examination minutieuse de la rentabilité du projet, de son passé banquier, des délais de règlement fournisseurs, etc. Pourtant, les avantages sont multiples, dont : la désintermédiation bancaire, des délais plus courts d’obtention des fonds et une étude de marché indirecte. Si la campagne n’aboutit pas, c’est que le projet n’était pas suffisamment mature, voire pas assez bien compris. Il faut cependant bien choisir la plateforme, notamment en fonction de la taille du projet. Par ailleurs, c’est un processus clair et transparent pour les prêteurs : les projets choisis sont des projets réalistes (ils n’auraient pas été choisi dans le cas contraire), leur stratégie est claire et attractive, l’entrepreneur est réactif face aux particuliers prêteurs. En moyenne, les dons participatifs s’élèvent a 60€ et les prêts avec intérêt à 400€ ; il semble donc assez clair quelle motivation sous tend le crowdlender.

 

IFCIC, un institut intermédiaire entre les entrepreneurs dans la culture et les banques

L’IFCIC, Institut du Financement du Cinéma et de l’Industrie de la Culture, existe depuis 30 ans maintenant et est un établissement de crédits privé. Il suit une mission d’intérêt général qui est de favoriser l’accès au financement bancaire pour tous les secteurs culturels. En effet, les normes bancaires se resserrent de plus en plus et il est d’autant plus difficile de trouver des financements auprès des banques, qu’elle considèrent le marché de la culture comme plus compliqué et moins « logique » que les fonds de commerce dits plus classiques.

Comment l’IFCIC accompagne-t-il les entreprises culturelles dans leurs financements bancaires ? L’institut propose une garantie bancaire qui peut aller jusqu’à 50% du prêt, ce qui représente un argument de fond pour les banques, plus enclines à répondre positivement à la demande de prêt. Pour chaque secteur différent de la culture (spectacle vivant, audiovisuel, jeux videos,…), le montant du prêt est différent. Il a pourtant bien été souligné par Edouard Tunc que l’IFCIC n’est pas là pour remplacer les banques, mais pour créer un effet de levier et « faire la traduction » entre les entrepreneurs culturels/ artistes et la banque. C’est un réel apport d’expertise et de conseil pour ces dernières, qui sont souvent un peu effrayées par le marché de la culture, considérée par elles comme incertain, risqué et peu rentable. http://www.ifcic.fr

 

Le CNV

Le CNV est un établissement public qui a pour vocation de soutenir le spectacle vivant dans la musique (hormis la musique classique), humoristique… Il est financé par la seule perception d’une taxe sur les billets de spectacles et intervient notamment dans les festivals, les tournées, les salles de spectacle à travers des programmes de subventions. Le CNV a par ailleurs la mission d’observer le secteur de la culture et son économie, et définit à partir de ces études ses programmes d’intervention. Ces derniers peuvent à la fois exister sous forme d’apport de financement pour démarrer un projet, ou encore sous forme de subventions. Il agit réellement en complémentarité avec d’autres structures (telles les banques, l’IFCIC…) et répond aux besoins des structures soutenues. Ces subventions sont assez facile à obtenir, car il suffit de présenter le projet, les difficultés de trésorerie qu’elles combleraient et la stratégie de remboursement. Il n’y a pas de montant maximum ou minimum de subvention, et tout dossier a pour objectif d’être traité au cas par cas. En 2015, l’enveloppe des aides sélectives contenait 10,6 millions d’euros pour 852 dossiers aidés, et pour les aides remboursables, 27 dossiers ont été soutenus avec 624 000 €.

Pierrette Betto soulignait que les entreprises du secteur culturel, de façon générale, avaient faiblement recours à l’emprunt, en plus de marge très faibles. C’est bien pour cela que ces structures en devenir ont besoin d’accompagnement et que le CNV souhaite proposer des aides avec des avances, car elle pousse à générer de la valeur afin de rembourser la somme empruntée: un véritable cercle vertueux. https://www.cnv.fr

 

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