Les spectacles humoristiques ont vu se développer une nouvelle tendance : combattre les préjugés et défendre les causes sociales. De plus en plus, des performances, notamment théâtrales et chorégraphiques, se nourrissent aussi des problèmes actuels et veuillent éveiller les consciences.
Les pièces classiques au goût du jour
Stéphane Braunschweig offre actuellement une version contemporaine de la célèbre comédie de Molière « L’Ecole des femmes » en la transposant dans le XXIe siècle. Tout en gardant le texte et la structure de la pièce, le metteur en scène et directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe « fait voir et entendre ce qui dans la pièce écrite par Molière en 1662 résonne fortement avec notre temps », et particulièrement la guerre des sexes. (3) Plus tôt dans l’année, Stéphane Braunschweig s’était déjà attaqué à « Macbeth » de Shakespeare en choisissant le comédien franco-sénégalais Adama Diop pour interpréter le personnage principal. (2)
En 2016, la directrice artistique du Ballet National anglais, Tamara Rojo et son chorégraphe, Akram Khan, avait également revisité le ballet « Giselle » donnant au personnage principal une nouvelle dimension, celui de réfugiée. Pour Tamara Rojo, les classiques auront toujours une résonance mais il faut les remettre dans un contexte où les gens peuvent se reconnaitre. (4)
Les classiques pour réveiller les consciences
A Pune, en Inde, des étudiants ont imaginé des performances artistiques classiques autour de causes controversées et de problèmes sociaux actuels, tels que l’euthanasie, la corruption ou la place des femmes. Grâce à leurs musiques et danses traditionnelles, ils espèrent amener les populations à s’intéresser et s’engager dans les conversations et débats de société. Pour Chaitanya Natu, une étudiante de 23 ans, « l’art est l’une des plateformes les plus expressives pour sensibiliser le public aux questions sociales. ». (5)
La discrimination positive dans les arts de scène
Que ce soit pour féminiser la culture (1) ou l’ouvrir à la diversité (2), la France connait un retard certain vis à vis de ses homologues américains ou scandinaves. Face à la discrimination positive, deux tendances ont vu le jour. Ceux défendant les quotas femmes/hommes, et promouvant les artistes venant d’horizons variés par la création d’ateliers tels que Ier Acte ou de nouvelles mesures égalitaristes comme les pointes marrons et bronzes pour les danseurs non-blancs (4). Et ceux pour qui le talent n’a ni genre, ni couleur et doit rester la préoccupation majeure et dominante, autant chez les dirigeants que les artistes.
Le spectacle vivant, un outil pour le changement social, amené lui aussi à évoluer et s’améliorer…
SOURCES
(1) « Tout ira mieux quand une artiste aura le droit d’être aussi mauvaise qu’un homme ». Par Michel Guerrin. Le Monde. En ligne.
[Publié le 16 novembre 2018]
(2) Au théâtre, au cinéma, la lente ouverture à la diversité. Par Natacha Gorwitz. Le Monde. En ligne.
[Publié le 19 novembre 2018]
(3) Un Molière très #metoo. Par Fabienne Darge. Le Monde. En ligne.
[Publié le 18 novembre 2018]
https://www.lemonde.fr/scenes/article/2018/11/15/theatre-un-moliere-tres-metoo_5383824_1654999.html
(4) ’I want ballet to be for and about everybody’. Interview de Tamara Rojo par Michael Hogan. The Guardian. En ligne.
[Publié le 18 novembre 2018]
(5) Art of social change. Par Harshita Lalwani. Pune Mirror. En ligne.
[Publié le 19 novembre 2018]