#sculptureengagee et rigorisme religieux à Doha : une difficile cohabitation

© Nadine Al-Koudsi / AFP

© Nadine Al-Koudsi / AFP

Le 19 novembre dernier a été dévoilée la nouvelle œuvre de Damien Hirst, artiste contemporain britannique : Le voyage miraculeux. Les quatorze sculptures géantes qui la composent, retraçant la croissance d’un fœtus de la procréation à l’accouchement, trônent désormais devant l’hôpital Sidra de la périphérie de Doha, au Qatar.

Mais dans un pays où la politique ne s’entend que dans son rapport à la religion, les débats s’enflamment autour de l’installation : les tenants d’un Islam des plus rigoristes s’opposent toujours à la représentation d’êtres humains – qui plus est nus – dans des œuvres artistiques. En effet, les textes stipulent que seul Dieu crée l’Homme et représenter son semblable reviendrait à s’octroyer un pouvoir divin. Face à eux, les spécialistes de l’art contemporain – dont le pays est féru – encensent l’initiative.

Dévoilée une première fois en 2013, l’œuvre avait été rapidement recouverte. Officiellement, le risque de casse lié aux travaux de construction du centre médical était trop important. En réalité, les autorités avaient cédé devant le tollé provoqué sur les réseaux sociaux et décision avait été prise de ne découvrir les sculptures qu’une fois l’hôpital achevé.

Pourtant, les plus libéraux des Emiratis soutiennent l’initiative de la Cheikha Al Mayassa Bint Hamad Al Thani, sœur de l’émir du Qatar et à l’origine de la commande ; et nombreux sont ceux qui aspirent à faire de l’émirat un véritable centre d’art régional.

Mme Layla Ibrahim Bacha, spécialiste des arts à la Fondation du Qatar, se réjouit même de la controverse : pour elle, le différend est inhérent aux quatorze sculptures, et elle soutient avec conviction que les fœtus « sont là pour créer un élément de débat et de réflexion ».

« Débat et réflexion » devant un hôpital, où la vie se crée et l’esprit se révèle, ne sont-ils d’ailleurs pas la meilleure des réponses aux conservatismes religieux aliénants ?

Sources

 

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