Retour sur l’#avant-première du film Willy 1er à l’#American Cosmograph

Lundi 10 Octobre 2016 a eu lieu l’avant-première de Willy 1er, film réalisé à huit mains par les frères Boukherma, Marielle Gautier Hugo Thomas. Pour l’occasion, nous nous sommes rendus à l’American Cosmograph – plus connu sous son ancien nom l’Utopia – où nous attendait notamment Stéphane Auclaire chargé de la distribution du film (UFO Distribution). À 21 heures, nous nous installons sur les confortables sièges de la très belle et très chatoyante salle numéro 2 du complexe, et attendons que les lumières se tamisent.

Apparaît alors à l’écran ledit Willy, quinquagénaire bedonnant qui dès les premières minutes du film semble se complaire dans un quotidien plus que monotone : les virées en voiture avec son frère jumeau ou les préparations de repas avec ses parents agriculteurs chez qui il vit toujours. A la mort (subite) de son frère – notons que le choix de « beaufiser » la famille avec musique ringarde et petits dauphins kitchissimes lors de la projection d’un diaporama type PowerPoint en mémoire du défunt se passe de commentaires et suscite des interrogations quant à la tournure du film  – Willy entre en dépression ; poussé par ses parents, il est contraint de prendre son indépendance – dans le village voisin. Inadapté, Willy va devoir trouver sa place dans un monde qu’il n’a jamais connu.

« À Caudebec, j’irai. Un appartement, j’en aurai un. Des copains, j’en aurai. Et j’vous emmerde ! » devient le credo qu’il répète à qui veut l’entendre, de sa curatrice (Noémie Lvovsky), à ses parents (chez qui il revient de temps en temps au milieu de la nuit) en passant par son nouveau collègue de travail, qui porte le même prénom. Willy parvient à se faire recruter en tant qu’agent d’entretien dans une grande surface, à se lier d’amitié (le mot est fort) avec des habitants du village et à organiser sa vie dans son nouvel appartement, essayant tant bien que mal de trouver ses marques dans un univers qui semble ne pas vouloir de lui. Incapable de détecter l’ironie ou de savoir si son entourage lui veut du bien ou du mal, Willy se sent systématiquement attaqué et certains protagonistes en profitent pour se servir de lui ; c’est finalement ce pathos qui finit par toucher le spectateur, peut-être au début déconcerté par les choix de mise en avant du personnage.

Si l’histoire de Willy reste ordinaire, le spectateur – bien que parfois mal à l’aise face à certaines situations, tiraillé entre le rire ou la pitié (pensons à la scène où Willy invite son homonyme à une « soirée PMU ») – s’attache progressivement et délicatement à ce personnage touchant et douloureusement authentique.

Ce film simple a cependant la tendresse de nous faire partager un récit inspiré d’une histoire vraie (Daniel Vannet qui incarne Willy souffre d’analphabétisme et a notamment dû apprendre ses scènes via des dialogues imagés), en abordant des thèmes toujours d’actualité qui bouleversent chacun. Si l’homophobie, le rejet de l’autre, la violence, l’ambiguïté des relations humaines ou encore la mort sont autant de sujets qui construisent le film, la solitude est bien celui qui met à mal le spectateur.

L’une des dernières scènes illustre parfaitement les non-dits et le manque de dialogue qui empoisonnent ces relations humaines : Willy et Willy se confient la perte de leurs êtres chers, jumeau pour l’un et amant pour l’autre, et osent enfin évoquer la douleur, le manque et surtout l’incompréhension qui semblaient être taboues depuis le début du film.

Pari réussi donc pour ces coréalisateurs, qui prouvent entre autres que des gens ordinaires peuvent accéder à la lumière de la fiction cinématographique. Le film a reçu le Prix d’Ornano-Valenti lors de la 42e édition du Festival du cinéma américain de Deauville, ainsi que le grand prix du jury dans la première édition du Festival International du Film Culte de Trouville.

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