Prenons un peu hauteur pour observer, cette semaine, l’actualité de la scène musicale traditionnelle en dehors de nos frontières, et notamment au Maghreb. A Sfax, en Tunisie, se déroule actuellement la 3e édition de la Rencontre Internationale des Musiques du Monde, manifestation qui réunit, sur la scène du centre culturel Mohamed Jammoussi, des artistes venus de tout le pays et, plus largement, du monde.
Du 11 au 14 novembre dernier s’est en outre tenue à Rabat, au Maroc, la 2e édition de Visa for Music, le marché professionnel des musiques d’Afrique et du Moyen-Orient, qui a réuni 1 500 professionnels du secteur et 300 artistes. La manifestation a été ébranlée par les événements tragiques du 13 novembre à Paris, mais elle a tenu à maintenir son activité et à exprimer son engagement pour la diversité et la culture, comme « résistance contre l’obscurantisme ».
Enfin, autre partie du monde, la Réunion a inauguré début novembre la « La Maison Morange », le musée des musiques de l’Océan Indien. Cette ancienne auberge transformée en musée abrite plus de 1 500 instruments traditionnels, des pièces collectionnées pendant un demi-siècle. On ne peut que saluer l’initiative fort louable de vouloir préserver un certain nombre d’instruments originaux appartenant au folklore de la région. Cependant, il faut se méfier de la tendance, là-bas comme ailleurs, à vouloir reléguer ces instruments, et donc ces musiques, au rang de vestiges du passé. Leur attribuer un caractère uniquement muséal serait en effet trahir leur nature et leur raison d’être première, qui est avant tout de rythmer et d’animer la vie autochtone.