Made in France, un film prophétique et maudit.

Mercredi 18 Novembre 2015 aurait du sortir le film de Nicolas Boukhrief mais les évènements du Vendredi 13 ne lui ont pas laissé cette chance. En raison de son thème et par respect pour une actualité plombée, les distributeurs ont préféré reporter la date de sortie du film à une date encore aujourd’hui indéterminée.

Les films de société, miroir cruel des failles de la société.

Ce n’est pas le premier film dont le sujet est source de malaise. Un Français plut tôt dans l’année avait lui aussi suscité la controverse. La Haine en 1995 avait là encore suscité des réactions vives. Dupont-Lajoie d’Y. Boisset qui dénonçait le racisme ordinaire qui menait aux ratonades et aux lynchages n’avait pas là non plus rencontré un accueil unanimement positif. Ces films de par leur thème renvoient à la société qu’ils cherchent à décrire un reflet dans laquelle elle peut avoir honte et même parfois une certaine colère à se reconnaître. La question pour les distributeurs est donc toujours de savoir comment parler d’un tel film afin d’assurer son succès commercial. Faut-il chercher à cliver en affirmant que c’est un documentaire romancé afin de se placer au coeur de l’actualité ? Ou bien ne parler que d’une pure fiction n’ayant aucune valeur documentaire et donc diminuer la portée du film ?

L’actualité une malédiction pour le film de société ?

S’il faut espérer que, contre toute probabilité, Made in France soit le dernier film dont le report soit dû à des causes aussi tragiques, il n’est néanmoins pas le premier à subir ce sort. Le souci pour le ditributeur mais aussi pour les auteurs de cette oeuvre est donc la question de savoir si la sortie doit être maintenue et si oui dans quel délai ? Le maintien de la sortie est questionnable dans la mesure où il est possible que le réalisateur fasse jouer ces droits de retrait conséquemment au choc émotionnel qu’il a pu, comme tout un chacun, subir. S’il maintient sa volonté de montrer son oeuvre au public et que le distributeur le suit dans cette voie, la question se pose quant au délai à respecter après la période de retenue consécutive au deuil observé lors de tels évènements.

L’une des options qui est sans doute la moins risquée mais la plus difficile pour tous ceux concernés par le film ne serait elle pas d’en geler la distribution jusqu’à un ou deux ans de la même façon qu’un film reconstituant les évènements ne sortirait pas avant cette période de latence ?

 

 

Il est à souhaiter qu’un film au sujet aussi actuel et dont le réalisateur nourrissait l’intuition depuis si longtemps puisse arriver jusqu’à nos écrans, comme une victoire du cinéma sur une actualité plombante.

 

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