L’explosion de la vente d’œuvres d’art en ligne

Le site de vente d’œuvres d’art en ligne Artsper  vient de terminer une levée de fonds de 1,2 million d’euros. Ce site a été créé en 2013 par Hugo Mulliez et François-Xavier Trancart. Après avoir levé plus de 300 000 euros l’an passé, ils ont réussi cette nouvelle levée auprès d’investisseurs historiques mais aussi auprès de nouveaux business angels et du fonds Entrepreneur Factory. L’objectif est très clair pour les deux fondateurs : « L’objectif de cette levée est de renforcer notre position sur les marchés francophones, de développer l’international, d’accélérer les développements du site et de continuer de développer des services pour les galeries ». Le site est aujourd’hui partenaire de 400 galeries, dont 70 internationales,  et répertorie plus de 15 000 œuvres (photographies, peintures, sculptures…) de 2 500 artistes. Le panier moyen des clients d’Artsper est d’environ 2 000 euros mais des ventes au-delà de 20 000 euros ont déjà été réalisées (œuvre de Bansky à 40 000 euros par exemple).

Au niveau de leur fonctionnement, la start up prend une commission de 15% sur chaque vente et les galeries doivent payer un abonnement par mois, peu cher (39 à 99 euros), pour accéder au service du site.

« L’art en ligne est estimé à 870 millions de dollars. En se fondant sur la croissance du marché du luxe en ligne, qui est de l’ordre de 20 % par an, nous estimons que le marché de l’art sur Internet pourrait atteindre 2,1 milliards de dollars en 2017». En janvier 2014, Jean-Baptiste Costa de Beauregard, expert du marché fine art, faisait part de ses observations pour Hiscox. Le rapport Hiscox 2015 estime le poids du marché mondial de l’art en ligne à 2,64 milliards de dollars pour 2015 soit une croissance de 68% par an, bien au-delà des estimations de Jean-Baptiste Costa de Beauregard. Selon les estimations pour 2019, la valeur du marché de l’art en ligne atteindra 6,3 millions de dollars. Son développement et son poids dans le marché de l’art devient, et va devenir, de plus en plus important, et constitue un réel enjeu pour tous les acteurs du marché de l’art contemporain.

D’après cette étude parmi les raisons avancées à ces achats en ligne on retrouve pour 80% la possibilité de rechercher facilement des objets d’art et de collection. De plus pour 63% des personnes interrogées, le retour sur investissement est la principale motivation d’achat d’œuvres d’art en ligne.

Parmi les collectionneurs dont le budget annuel en achat d’œuvres d’art dépasse 75 000 euros, 63 % ont déjà eu recours à un site internet pour l’acquisition d’une œuvre. Gauthier de Vanssay, fondateur du site Expertissim, spécialisé dans l’achat et la vente d’œuvres d’art expertisées déclare que les marchands en ligne doivent, en priorité, choisir leur segment du marché de l’art : “Il y a le segment du très haut de gamme, dominé par Sotheby’s, Christie’s ou encore Drouot, le très bas de gamme, avec des acteurs comme eBay ou Le Bon Coin et, au milieu, le marché intermédiaire, sur lequel les prix varient entre 300 et 15 000 euros. Ils représentent 80 % des transactions et 20 % de la valeur. S’il y a un avenir à l’art en ligne, c’est là qu’il se trouve, et c’est là qu’il faut viser”. Si ce segment est encore dominé par les galeries d’art physiques et les commissaires-priseurs, la multiplication des sites de vente d’œuvres d’art en ligne remet en cause ce modèle (Early Work, Paddle 8, Artsper, Atrsy, Artnet, Artprice, Artspace, Google Art Project, Amazon Fine Art…).

Vers une démocratisation de l’art ?

Si les sites de vente d’œuvres d’art en ligne peuvent permettre de toucher un public plus large que celui des galeries, la plupart du temps réservées aux aficionados, on peut se demander si on n’assiste pas plutôt à l’apparition d’un grand supermarché de l’art, réduisant l’œuvre d’art à l’état d’un simple bien de consommation quelconque (une des conséquences du click and buy).

Tous les sites de vente d’œuvres d’art en ligne ont le même business model : s’octroyer une commission sur chaque vente. Tous ces sites sont disponibles à n’importe quelle heure du jour et de la nuit et ne rencontrent pas de barrières physiques. Si certains nouent des partenariats avec des galeries d’art physiques (Artsper), la majorité se passe d’intermédiaire et traite directement avec les artistes et particuliers. On peut alors se demander si les galeries d’art physiques ont encore besoin d’exister au vu de l’explosion de ce modèle et de la montée en puissance des maisons de ventes.

Sources:

Maddyness: http://www.maddyness.com/finance/2015/11/18/artsper-levee/

ArtfixDaily :  http://www.artfixdaily.com/artwire/release/8085-frances-contemporary-art-website-artspercom-raises-funding-eyes-n

Le Figaro: http://www.lefigaro.fr/entrepreneur/2014/05/11/09007-20140511ARTFIG00064-artsper-democratise-la-vente-d-oeuvres-d-art.php

Les Petits Frenchies : https://fr.petitsfrenchies.com/itw-artsper/

Hiscox : Rapport sur le marché de l’art en ligne 2015

Pour en savoir plus sur les acteurs de l’art en ligne :

http://artjuice.net/meilleurs-sites-acheter-vendre-oeuvre-art/

http://www.20minutes.fr/culture/1675835-20150831-acheter-art-web-mode-prend-racine

 

 

Laisser un commentaire