L’engouement pour les musiques Africaines oubliées #Reissue

Le 6 octobre dernier, le prestigieux label anglais Soundway qui se décrit lui-même sur Discogs comme « spécialisé dans la réédition d’artistes obscures et originaux d’Afro Jazz, d’Afro Funk et de Latin Jazz», sortait la compilation Kenya Special Volume II. On y retrouve 18 titres (presque) inconnus et (presque) introuvables déterrés des années 60 et 70, nous proposant une vision alternative de la musique Kenyane. Pas étonnant de retrouver cet album dans le catalogue de Soundway Records puisque le label compte désormais plus de 200 sorties de cette veine là et ce depuis 2002.

Soundway Records n’est pas le seul organisme à dénicher un peu partout des musiques Africaines rarissimes et oubliés. Dans ce secteur, le berlinois Brian Shimkovitz, plus connu sous le nom d’Awesome Tapes From Africa occupe lui aussi une place importante. Son label éponyme réédite les K7 que Shimkovitz trouve lors de ses voyages chez les disquaires Africains sous la forme de CD, de vinyle et bien évidemment de cassette. Il confiait en mai dernier au Nouvel Obs : « Je me vois plus comme un collectionneur que comme un digger. Très souvent, je ne peux chercher des cassettes spécifiques car elles sont devenues de plus en plus rares dans les parties de l’Afrique où j’ai l’habitude de voyager. Donc je prends ce que je peux trouver, et j’écoute attentivement ces enregistrements pour trouver ce qu’ils peuvent provoquer en moi.».

Son travail n’est pas seulement de nous faire redécouvrir ces trésors perdus mais aussi de rebraquer les projecteurs sur ces artistes. Lors d’un entretien avec les journalistes du Monde il expliquait sa démarche : « C’est finalement pour cette raison que je me suis lancé dans ce label. Je veux rendre ces musiques plus accessibles, et surtout je veux inclure l’Afrique dans le système musical mondial. Je ne vois pas pourquoi ces artistes ne pourraient pas être sur les plateformes de vente, comme iTunes ou Amazon : s’ils n’y sont pas – et c’est le cas pour la plupart – ils ne peuvent pas toucher de dividendes sur leur musique.». Le label reverse donc non seulement 50% des recettes de chaque album à l’artiste original, mais il permet également de relancer leur carrière. Ainsi l’Ethiopien Hailu Mergia abandonné en 2013 son job de taxi à New York, à 68 ans, suite à la réédition de sa cassette Shemonmuanaye sur ATFA et enchaine désormais les tournées entre l’Europe, les Etats Unis et l’Australie, tandis que le Ghanéens Ata Kak se produisait en mai dernier sur la scène de la Grande Halle de la villette.

Rappelons enfin l’importance des disquaires dans cette entreprise d’archéologie musicale, dont certains, via la mise en place de réseau de distribution ou même de maison de disques permettent la commercialisation de ces albums. C’est le cas d’Honest Jon’s, disquaire londonien mythique s’il en est, en activité depuis 1974, qui a fondé son propre label en 2002 en collaboration avec un certain Damon Albarn, client fidèle de la boutique et accessoirement leader des groupes Blur puis Gorillaz. Dans le catalogue très éclectique d’Honest Jon’s , on retrouve à la fois des sorties d’artistes contemporains allant de Tony Allen jusqu’à Ricardo Villalobos, que des compilations de World Music des décennies précédentes (qui ont fait la renommée du label), toutes d’un qualité irréprochable ; ce qui a d’ailleurs valu au label d’être élu Label of the Year 2015 par Resident Advisor : une récompense hautement méritée !

Discographie séléctive

Various Artists – Kenya Special Volume II – Soundway Records

Hailu Mergia ‎- Hailu Mergia & His Classical Instrument: Shemonmuanaye – Awesome Tapes From Africa

Ata Kak – Obaa Sima – Awesome Tapes From Africa

Various Artists – Marvellous Boy: Calypso From West Africa – Honest Jon’s

William Onyeabor – Who is William Onyeabor – Luaka Bop

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