Le Street Art hors les murs

Afin de célébrer la prolongation de leur contrat pour trois nouvelles saisons, Coca-Cola et le PSG ont collaboré avec deux artistes de street art, Mambo (http://www.mambo.vu/) et Pieter Ceizer (http://studioceizer.com/) pour créer deux bouteilles collectors aux couleurs du club parisien. L’une rouge, mettant à l’honneur la ville de Paris et l’autre noire reprenant les symboles du club. Cette nouvelle campagne marketing est évidemment accompagné d’un hasthag #ChosirParis afin d’inonder les réseaux sociaux. Comptez, quand même, 45€ pour le coffret solo et 169€ pour le coffret duo.

coca psg

 

Le marché du street art est depuis quelques années maintenant en pleine effervescence et attire de plus en plus de collectionneurs et galeristes. Cela soulève néanmoins plusieurs questions sur la définition originelle du street art, « un art urbain éphémère, gratuit et subversif ». Si la Tour Paris 13 a permis de renouer avec les codes de l’art urbain en allant à contre-courant de la muséification et de la monétisation, cette initiative est bien esseulée.  L’exemple de l’alliance entre Coca Cola, le PSG et deux artistes de l’art urbain reflète cette tendance. Le street art n’appartient plus à la rue. Cette tendance est confortée par la récente exposition de la galerie parisienne Wallworks ou encore la multiplication des galeries spécialisées dans le street art (près d’une trentaine à Paris).

Le street art est-il encore un art subversif, revendicatif convertissant l’espace public en une « tribune dédiée à l’art et aux idées » ?

Si nous pouvons considérer que le street art dispose aujourd’hui d’une légitimité, est reconnu par l’ensemble des acteurs du marché de l’art, et exposé dans les plus grand lieux culturels dans le monde entier (Tate, MOCA, MOMA, Fondation Cartier ou encore Nuit Blanche 2014), ne perd il pas tout son sens ? A l’image du pop art dans les années 60, le street art risque de devenir peu à peu un objet de marketing.

Le street art connait aussi une évolution particulière. Contrairement à l’art contemporain, où l’inverse se produit, ici, les ventes aux enchères, en faisant grimper les prix des oeuvres,  ont incité les galeries à investir sur ce nouveau marché. La majorité des galeristes étant motivés par des ambitions purement  financières, on a donc pu constater  une tendance, de plus en plus marquée, à exposer du street art dans des galeries d’art contemporain. Magdna Danysz (http://www.magda-gallery.com/fr) met en garde devant ce phénomène de bulle spéculative, « c’est un mouvement de fond confronté à un effet de marché. Le danger serait que ça devienne un effet de mode. »

On peut ici prendre l’exemple de Banksy (1,1 million d’euros chez Sotheby’s en 2008) ou encore JR, Kaws, et Shepard Fairey dont les œuvres se vendent à plus de 50 000  euros. On retrouve aussi des artistes réalisant des lithographies en séries limitées à moins de 200 exemplaires, vendues à un prix raisonnable (environ 300 euros) et empochant en peu de temps plus de 50 000 euros (Pure Evil ou Obey par exemple). Dans cette même logique, de plus en plus d’artistes collaborent avec des marques de vêtements, d’alcool ou autres boissons pour réaliser des opérations de marketing.

Face à cette monétisation de l’art urbain, il faut garder en mémoire que le street art est toujours réprimé par la loi, réaliser un tag est un délit. « On arrive à un moment charnière. On est coincé entre le commissaire-priseur et le commissaire de police ».  On retrouve dans cette phrase tout le paradoxe du street art, il n’est pas respecté et même prohibé dans la rue mais mis en exergue et vendu des milliers d’euros dans les galeries. «  La démocratisation permettrait de valoriser les artistes et de banaliser ces esthétiques. Mais si on veut démocratiser, il faut accepter que ça se commercialise ». Toute la difficulté est là pour les artistes de l’art urbain, il faut soit s’adapter aux lois du marché (et renier le sens même du street art ?) ou rester en marge.

Pour en savoir plus, l’article suivant  résume bien toute l’histoire du street art, ces origines dans les années 50 et son évolution de la rue à la galerie : http://www.observatoire-art-contemporain.com/revue_decryptage/analyse_a_decoder.php?id=20120555

 

Sources:

Sports Marketing : http://www.sportsmarketing.fr/coca-cola-bouteille-collector-paris-saint-germain/

Culture Box : http://culturebox.francetvinfo.fr/tendances/street-art/le-street-art-fait-les-belles-heures-des-galeries-et-des-musees-217763

Télérama : http://www.telerama.fr/scenes/le-street-art-un-succes-planetaire,117485.php

Strip Art Le Blog  : http://www.blog.stripart.com/art-urbain/les-writers-les-plus-celebres/

Les Echos : http://www.lesechos.fr/03/04/2015/LesEchos/21912-092-ECH_le-street-art-s-embourgeoise-dans-les-maisons-de-vente.html

Première : http://fluctuat.premiere.fr/Expos/News/Le-Street-art-combien-ca-coute-3597826

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