Le #mécénat, coup de cœur d’un chef d’entreprise ou décision stratégique de tout un groupe ?

Estelle Guille des Buttes-Fresneau, conservatrice en chef du Musée de Pont-Aven, devant « Nu de la comtesse d’Hauteroche » de Armand Seguin © Le Télégramme

Estelle Guille des Buttes-Fresneau, conservatrice en chef du Musée de Pont-Aven, devant « Nu de la comtesse d’Hauteroche » de Armand Seguin, acquis par CIC Ouest © Le Télégramme

Dans son édito de novembre, Sylvain Raymond, rédacteur en chef de mécénova, développe l’idée d’un mécénat d’entreprise en quête de spontanéité. Et pourtant, que ce soit pour les institutions culturelles ou les entreprises, le mécénat est un enjeu majeur, répondant à des objectifs financiers, de communication et marketing, loin d’une recherche de spontanéité. Pour les institutions culturelles, il permet de développer l’autofinancement et palier à la baisse constante des subventions publiques. Pour les entreprises, il est perçu comme « un levier de performance à part entière, telle une clef de voûte de leurs investissements citoyens ». Il répond ainsi à plusieurs objectifs : accroître la notoriété de l’entreprise, contribuer à sa réputation, ;lui permettre de mieux s’intégrer à son environnement proche, développer la communication interne et l’attractivité sociale ou encore construire des contacts utiles avec des interlocuteurs privilégiés. Ces dernières années, les acteurs se sont professionnalisés des deux côtés afin de mieux développer cette activité.  Cependant, dans un contexte de méfiance mutuelle, il n’y a pas toujours de convergence des intérêts ce qui peut induire de l’incompréhension de part et d’autre. Les institutions culturelles ont tendance à présenter à leurs prospects des projets bien définis avec un budget arrêté alors que les entreprises sont souvent dans une logique de « co-construction » du partenariat. Pour Sylvain Raymond, le coup de cœur est primordial dans le choix d’un mécénat. Il faut que l’entreprise comprenne les enjeux de la structure, qu’elle puisse partager ses valeurs et ses convictions et que le projet lui parle. « Au début, le mécénat n’a rien de rationnel. Et si la professionnalisation permet de consolider la relation dans un second temps, elle peut considérablement nuire à cette spontanéité. »

Si le coup de cœur peut permettre de développer dans un premier temps une action de mécénat, seule une évaluation et une analyse efficaces de ses retombées permet de la pérenniser. Le Crédit Agricole a récemment effectué dans ce sens un recensement de ses actions mécénat afin d’avoir une vision globale qui lui faisait défaut. En effet, l’organisation est décentralisée : « chaque caisse régionale est autonome dans le choix des actions qu’elle soutient » explique Catherine Langlois, responsable du mécénat du groupe. Cette logique ascendante et non descendante de l’action mécénat du Crédit Agricole permet de s’adapter aux problématiques territoriales et régionales. En 2016, 16,9 millions d’euros ont été engagé par le groupe pour des actions de mécénat, hors budget des deux fondations d’entreprise (la fondation Crédit Agricole Pays de France et celle Crédit Agricole Solidarité et Développement). Deux thèmes dominants ressortent de l’analyse : le mécénat solidaire pour 2,6 millions d’euros et le mécénat culturel pour 2,3 millions d’euros. Cette cartographie de l’ensemble des actions du groupe lui permet de mieux communiquer auprès de ses collaborateurs, avoir une vision qualitative de la politique adoptée mais surtout d’effectuer des synergies entre les actions et de les évaluer à l’échelle nationale. L’évaluation permet en effet de prouver l’efficacité du mécénat pour les porteurs de projets tout en optimisant son renouvellement. Elle est un outil de pilotage pour l’entreprise qui lui permet de mieux positionner le mécénat dans l’entreprise et dans sa stratégie, justifier ses choix d’actions et mieux communiquer en interne et vis-à-vis du grand public.

CIC Ouest, mécène de l’exposition La modernité en Bretagne / 2 au musée de Pont-Aven © Musée de Pont-Aven

CIC Ouest, mécène de l’exposition La modernité en Bretagne / 2 au musée de Pont-Aven © Musée de Pont-Aven

C’est dans cette logique de pérennité que le CIC Ouest a développé son mécénat au cœur du territoire breton. Mécène officiel du musée du Pont-Aven, l’entreprise a signé sa convention en 2015 et s’est engagée jusqu’en 2020 pour accompagner durablement le musée. Elle est présente sur plusieurs actions : l’accompagnement des expositions temporaires du musée et de celles en collaboration avec d’autres musées ainsi que l’acquisition de plusieurs tableaux pour compléter la collection du musée. CIC Ouest a ainsi déjà acquis pour le compte du musée « Nu de la Comtesse d’Hauteroche » d’Armand Seguin (1896) et « Maternité au Pouldu, effet de soir » de Maurice Denis (1896). Les deux tableaux peuvent d’ores et déjà être admirés au musée, un troisième serait en cours d’acquisition.

 

Sources : 

Edito de Sylvain Raymond, rédacteur en chef de mecenova (31/10)

Etat des lieux du mécénat de Crédit Agricole, Les Echos (06/11)

CIC Ouest, au coeur du territoire pour un mécénat durable, Ouest France (03/11)

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