Dans le cadre du festival toulousain Novelum, le Tout-Toulouse s’est rué au Théâtre du Capitole pour assister, dans un cadre prestigieux, à  un « Orotario électronique » et apocalyptique signé Pierre Henry.

Il est 20h. Pierre Henry fait son entrée en scène sous les applaudissements, dans une chaise roulante dont il peine à s’extirper au moment de s’installer aux consoles. Le vieux Monsieur – 86 ans – pionnier et pointure incontestée dans le domaine des musiques électroacoustiques, s’apprête à diffuser une « fresque musicale spatialisée » aussi fascinante qu’intrigante. Créée en 1968 au Théâtre de la Musique de Paris, l’Apocalypse de Jean est l’adaptation électroacoustique du texte biblique éponyme qui n’a pas fini de tourmenter les âmes de ce monde. Puissantes, effrayantes, les images sonores diffusées dans l’espace par le compositeur sont sublimées par la voix saisissante du comédien Jean Négroni qui clame, à la manière d’un solennel sermon, la « prophétie » de la fin des temps selon l’Apôtre Jean. Un ensemble à prendre au premier, ou au second degré ? Le texte sacré, conservé dans son intégralité, heurte violemment les esprits. Et les sons électroniques diffusés illustrent tellement bien les propos tenus dans le discours funeste que l’on pourrait croire que l’œuvre a été créée dans le seul but de remettre l’Homme à sa place…

Un concert d’1h40 qui nous tient en haleine, dans un sentiment oscillant entre torpeur et stupéfaction. Une expérience artistique hors normes et poignante. Un évènement parfaitement exceptionnel et rarissime.