Comment ne pas évoquer l’affaire Weinstein qui fait la une des journaux depuis le 5 octobre, date à laquelle le New York Times a révélé les nombreuses accusations de harcèlements et agressions sexuelles, voire de viols allant contre le célèbre producteur hollywoodien Harvey Weinstein ?
Ces premières accusations ont été suivies de nombreuses autres, libérant la parole des actrices qui avaient vécu des situations similaires et qui s’étaient tues jusque là : Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow, les françaises Léa Seydoux et Emma de Caunes, Judith Godrèche, Rosanna Arquette…
Omerta hollywoodienne et misogynie du monde du cinéma
Nous ne souhaitons pas dresser la liste des abus de l’ancien magnat du cinéma mais bien mettre en lumière une pratique qui existe depuis longtemps au sein de l’industrie cinématographique, connue de tous mais peu dénoncée, presque banalisée, passage obligé pour réussir en tant qu’actrice dans le milieu.
« Le tycoon avait le pouvoir de faire ou défaire leur carrière. » (Paris Match, 19 octobre 2017)
De nombreuses actrices ont ainsi brisé l’omerta hollywoodienne, remettant en question l’impunité masculine dont jouissaient producteurs, réalisateurs, acteurs… Cette affaire vient cruellement souligner la misogynie du milieu du cinéma. Pour ne citer que les plus grands, l’ignorance affichée par Matt Damon ou George Clooney pourtant très proche de H. Weinstein, le silence de Quentin Tarantino au courant des agissements du producteur apparaissent être chose courante dans la sphère du cinéma hollywoodien.
Au-delà des problématiques comme l’inégalité des salaires entre acteurs et actrices, le peu de femmes reconnues en tant que productrices ou réalisatrices, l’affaire Weinstein apporte enfin la preuve d’un sexisme encore plus grave et condamnable légalement, la tolérance d’agressions et de harcèlements sexuels. Non, accepter ce genre de comportement ne devrait pas être une condition pour devenir une actrice célèbre (pour l’instant, peu d’hommes se sont plaints). Le talent devrait suffire.
Et le cinéma français ?
Malheureusement, harcèlements et viols ne sont pas uniquement le lot du cinéma américain. Comme en témoigne le site Allociné, des actrices françaises ont également fait entendre leur voix à ce sujet. Marion Cotillard, Léa Seydoux, Isabelle Adjani se mobilisent. Cette dernière évoque l’aspect sournois que prend le harcèlement au sein du cinéma français: « En France, il y a les trois G : galanterie, grivoiserie, goujaterie. (…) Dans les maisons de production ou chez les décideurs, j’ai souvent entendu : ‘Toutes des salopes, toutes des putes de toute façon, ces actrices !’ Quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce n’est pas pour se faire violer ! »
La fin d’une culture de complicité ?
Grâce à la fin de l’omerta autour de Weinstein ainsi que « sa condamnation morale » notamment via son licenciement de sa propre société de production, cette affaire peut être considérée comme une avancé pour les femmes dans le monde du cinéma mettant fin à l’invisibilité que connait trop souvent leur situation. Espérons qu’elle conduira également à la sanction d’autres cas similaires et qu‘à l’avenir, ce genre de comportements seront dénoncés et sanctionnés.
Elle questionne toutefois la culture de complicité autour des abus sexuels, peu condamnés et sur lesquels les institutions, au nom du génie, ferment les yeux. Que penser de la Cinémathèque Française qui, malgré les récents événements, consacre à partir du 30 octobre une rétrospective à Roman Polanski ? En organisant cette rétrospective, l’institution française nie les faits criminels (viols répétés de mineures aux Etats-Unis qui réclament son extradition) occultés par le génie de l’artiste. «L’impunité de Polanski, couplée aux lauriers que lui tresse cette institution du cinéma, est insupportable. »
Combien d’affaires Weinstein devront encore se succéder avant que la culture d’impunité qui sévit dans le monde du cinéma prenne fin ?
SOURCES:
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18668005.html