L’#adaptation façon Disney : quid de l’inventivité pour la firme aux grandes oreilles ?

Si des chansons comme Hakuna Matata, Sous l’océan ou encore Ce rêve bleu chantées par des animaux ou personnages animés ont marqué notre enfance, cette dernière a également connu l’arrivée précoce d’adaptations « en chair et en os » dans les années 1990, avec des remakes tels Hook, ou la revanche du Capitaine Crochet (1991), ou encore Les 101 Dalmatiens (1996) ;  mais depuis 2010 et fort du succès de ses précédents reboots, le géant du divertissement semble animé d’une véritable frénésie aux réadaptations de ses plus grands chefs-d’œuvre d’animation. Au total, ce ne sont pas moins de 14 adaptations qui ont vu et verront le jour entre 2016 et 2017 (ce qui est presque autant que les longs-métrages de super-héros de l’écurie Marvel !).

Course à l’adaptation : une volonté de dépoussiérer nos vieilles VHS et moderniser l’esprit Disney ?

Parmi ces adaptations, on retrouve le remake tant attendu de La Belle et la Bête prévu pour mars 2017, avec un casting des plus alléchants : Emma Watson pour incarner Belle, Dan Stevens (Downtown Abbey) dans le rôle de la Bête, Luke Evans (Le Hobbit) pour jouer l’énervant Gaston, Ian McKellen en Lumière et Emma Thompson en Madame Samovar.

L’adaptation filmée de Pinocchio est aussi en préparation (quoiqu’en concurrence avec la version des studios Warner Bros. avec notamment Robert Downey Jr. dans le rôle de Gepetto) de même qu’une nouvelle version de Merlin l’Enchanteur, dont le scénariste Bryan Cogman (Game of Thrones) sera chargé de remanier l’histoire.

Quelques mois après le succès international de la nouvelle adaptation du Livre de la Jungle, le réalisateur Jon Favreau a également annoncé s’atteler prochainement à une adaptation du Roi Lion. Mais pour le coup, le public est-il prêt à voir une version soit disant photo-réaliste d’un dessin animé réussi et lumineux qui a bercé son enfance ? Au-delà de la performance technologique, difficile de saisir l’intérêt du projet pour le cinéphile et le « disneyphile ».

Cette semaine enfin, le studio a laissé entendre qu’il comptait faire (re)découvrir l’un de ses plus grands classiques vieux de vingt-quatre ans : Aladdin. La réalisation en live-action aurait déjà été confiée à Guy Ritchie – pourtant peu habitué aux œuvres pour jeune public – et le scénario à John August, à qui l’on doit notamment le scénario de Charlie et la Chocolaterie.

Mais pourquoi cette stratégie de faire du neuf avec du vieux, de ressortir les vieilles bobines de films d’animation pour « créer » un film remanié, avec acteurs phares et technologies visuelles de pointe ? Pourquoi cet acharnement soudain qui semble se jouer de la nostalgie d’un univers aux codes déjà bien ancrés ?

Des enjeux #économiques dans ce monde #féérique ? Une stratégie payante et presque sans risques…

C’est en effet le reboot d’Alice au pays des merveilles réalisé par Tim Burton qui donne le ton en 2010, avant Maléfique (2014) dérivé de La Belle au Bois Dormant ou encore, dernier en date, Le Livre de la Jungle (2016).

L’argument commercial semble définitivement planer sur cet univers. Dans Économie des films : l’état de l’art, des universitaires américains mettent en évidence un changement de paradigme dans le monde du cinéma au cours des années 2010 : « en 1998, la liste des dix films qui ont généré le plus d’argent n’incluait aucun remake, aucune suite, et globalement aucune franchise. Mais, en 2012, cela a considérablement changé. Sept des dix films les plus rentables étaient des suites ou des franchises ».

Ce constat a très vite été vérifié par Disney. Son remake d’Alice au pays des merveilles a rapporté plus d’un milliard de dollars, alors que le récent Livre de la Jungle a totalisé près de 966 millions de dollars de recettes (soit 4,7 fois plus que le dessin animé sorti en 1967) et a fait plus de 3,7 millions d’entrée dans l’Hexagone. Il semblerait que désormais, le remake rapporte systématiquement plus que la création originale.

Ces nouvelles productions férues des technologies les plus poussées en matière d’animation sont fédératrices et attirent autant les enfants que les adultes, ceux-là même qui avaient tant chéri les premières versions animées. Disney profite également de la facilité liée à l’adaptation : pas de droits à racheter, pas de scénario à imaginer et cerise sur le gâteau : la magie du dessin animé est transposée dans le film grâce à la modernité des effets spéciaux. Aussi, cela permet de dépoussiérer le film original (diffusion à la télévision, édition collector du DVD…) et  la plupart du temps, Disney réussit à rassembler un casting de rêve avec les stars les plus bankables du moment, ce qui confère une aura plus « sérieuse » au film.

… Mais avec des limites !

Jusqu’en 2018, le calendrier des sorties Disney semble rempli par de très nombreux remakes de ses classiques les plus… classiques. Culminant au sommet du podium du divertissement depuis les années 1980, l’empire aux grandes oreilles aurait-il perdu son imagination d’antan ? La créativité des studios se serait-elle éteinte ?

Mercredi 4 octobre, Disney annonce l’adaptation avec de vrais acteurs de Mulan, prévue pour novembre 2018. Cette nouvelle version du plus féministe des dessins animés de la firme devrait laisser une place de choix à la technique de la motion capture – on pense notamment à Mu-shu, petit dragon inséparable de l’héroïne. Ce choix d’adaptation aurait pu être parfait pour Disney s’il n’avait pas récemment fait l’objet d’une regrettable polémique de whitewashing (fait d’embaucher des acteurs blancs pour incarner des personnages de couleurs) en faisant entendre que l’actrice oscarisée Jennifer Lawrence serait susceptible de jouer le rôle de Mulan.

L’adaptation – surtout l’adaptation à la chaîne, celle que l’on associe davantage aux dollars qu’à la magie que représente la firme depuis sa création – semble donc bien faire débat ; si l’histoire reste la même, que les chansons sont préservées et que la seule différence est la prise de vue réelle, quel est l’intérêt d’une production pareille, alors que le rêve est tout aussi accessible devant des images faites à la main ?

L’adaptation est sans cesse soumise aux mêmes questions : que garder, que créer pour ne pas dénaturer ? Chez Disney, aller trop loin dans la destruction du conte serait prendre le risque de s’attirer les foudres d’un public qui a grandi avec les vraies histoires, partisan d’une morale made in Disney et d’un savoir-faire « à l’ancienne ».

Pour autant et si l’adaptation du dessin animé au film semble être un bon filon pour l’entreprise aujourd’hui, Disney ne délaisse pas celle qui fait son succès depuis plus de 100 ans : l’animation. La reine des neiges en est l’exemple le plus marquant, avec un succès planétaire aussi bien auprès des plus jeunes générations – celles qui ont grandi avec La Princesse et la Grenouille ou encore Il était une fois, que des plus vieilles, celles dont nous faisons partie aujourd’hui et qui ne pourront jamais se lasser de dessins animés devenus désormais des classiques.

http://www.ecranlarge.com/films/news/966586-apres-le-livre-de-la-jungle-jon-favreau-realise-l-adaptation-live-du-roi-lion-pour-disney

http://hitek.fr/actualite/mulan-adaptation-novembre-2018_10852

http://www.virginradio.fr/virgin-tonic-mulan-bientot-adapte-en-film-a564535.html

http://www.rtl.fr/culture/cine-series-jeux-video/disney-guy-ritchie-va-realiser-l-adaptation-de-aladdin-en-live-action-7785270823

http://www.lepoint.fr/pop-culture/cinema/les-14-remakes-de-dessins-animes-que-disney-nous-prepare-02-04-2016-2029495_2923.php

http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20161005.OBS9403/disney-serait-il-en-panne-d-inspiration.html

http://www.numerama.com/pop-culture/199404-adaptation-de-mulan-live-action-egalement-prevue-chez-disney.html

https://www.welovecinema.fr/blog/quand-les-dessins-animes-disney-deviennent-de-vrais-films/

 

 

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