Très attendu, l’album Brol, bazar ou carrément foutoir en néerlandais, d’Angèle est sorti le 5 octobre. Depuis, les critiques dithyrambiques s’amoncellent sur la toile, les mélodies résonnent dans les cafés et les posters de l’album poussent comme champignons en sous-bois dans les rues. En une semaine, ce n’est pas moins de 10 000 CD-roms qui ont été écoulés propulsant l’artiste belge au cœur de l’actualité musicale française. Retour sur un album un peu particulier qui a su tirer son épingle du jeu avant même sa sortie.
Une artiste bien entourée
Fille de, sœur de, protégée de… Autant de tutelles artistiques dont Angèle aimerait s’émanciper. En effet, fille de deux célébrités belges, le musicien Marka et la comédienne Laurence Bibot, c’est aussi la sœur de la révélation rap 2017 Roméo Elvis. Si sa famille en impose, ses fréquentations lui permettent d’entamer une tournée en ayant sorti seulement deux titres grâce au soutien de Damso qui lui confie ses premières parties. Certes, ces tutelles ont amplifié sa popularité mais elles ne sont pas les uniques raisons du succès de Brol.
Un album aux apparences réconfortantes
Des mélodies entêtantes, des paroles dans une langue simple et familière, la première écoute de l’album d’Angèle nous fait du bien. Pourtant, sur fond de guimauve, Brol expose une profonde satire sociale. La « pop matinale » de Brol n’est qu’un prétexte pour aborder les obsessions de notre époque. De la recherche du bonheur à la jalousie au sein du couple en passant par la dictature des réseaux sociaux ou encore l’acceptation de l’homosexualité, Brol est une ballade acidulée qui s’attaque aux affres du quotidien. L’album donne l’impression d’avoir pu être écrit par n’importe quel jeune de nos jours et c’est certainement l’universalité du propos qui transforme l’album en un hymne générationnel. De plus, Angèle joue avec les images comme elle joue avec les mots, proposant une esthétique vibrante, colorée mais aussi absurde dans ses clips, qu’elle déambule en combinaison de ski sur les plages ensoleillées de Barcelone dans Tout Oublier ou qu’arme à la main, elle terrorise des femmes obnubilées par la quête du meilleur selfie dans la Thune.
Le retour du boomerang
Seulement la particularité de Brol c’est qu’il est un album auto-réfléchissant. En même temps qu’il dénonce de nombreux travers de la société, la chanteuse retourne le miroir et nous propose une introspection très honnête. Cet album, Angèle l’a écrit, composé et produit toute seule, et elle s’efforce de ne pas s’exempter des critiques. Sa confession apparaît alors comme bien plus intime et personnelle. « Rassurée quand les gens [l’]aiment », Angèle clôt sa « biopsie cérébrale » par Flou, un titre qui exprime sa crainte « de perdre la tête en enfer », dans un univers de célébrité où la musique se fourvoie.
Un propos servi par un calendrier marketing millimétré et maîtrisé
Sur le site d’Angèle, plus de mots, seulement des produits et du merchandising en abondance, allant de la chaussette au pin’s loutre, son animal fétiche. La boutique est à l’image du programme de la jeune artiste, millimétré et complètement maîtrisé. Construisant sa popularité sur Instagram depuis 2015, elle a petit à petit envahi les ondes en créant une image singulière et décalée et en distillant progressivement du teasing sur les chansons à venir.
En attendant que le flou se dissipe, on espère pour Angèle un avenir tout aussi prometteur que ses débuts !
SOURCES :
http://www.lalibre.be/culture/musique/bon-il-vaut-quoi-le-brol-d-angele-5bbde109cd708c805c1fa140
https://www.lejdd.fr/Culture/Musique/brol-angele-ou-les-obsessions-de-notre-epoque-3768686
http://www.justfocus.fr/musique/critique-angele-brol-une-therapie-sans-bemols.html
http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/interview-angele-premier-album-brol/
CRÉDITS IMAGES :
Charlotte Abramow