La sortie d’un film des frères Coen ne passe jamais inaperçue. La Balade de Buster Scruggs, prix de la mise en scène à la Mostra de Venise, ne fera pas exception ! Après des rumeurs sur la parution d’une série, ce sera finalement un film anthologique qui sortira sur la plateforme Netflix. Ce long métrage à sketches se présente sous la forme de 6 histoires distinctes avec leurs propres traits, personnages et cachets. Dans ce conte, nous retrouvons un casting 4 étoiles porté par James Franco, Liam Neeson, Zoe Kazan ou plus étonnamment Tom Waits.
Amoureux du genre, les frères Coen explorent le Western sous ses différentes coutures en multipliant les clins d’oeil au légendaire John Ford ou encore au style Tarantinesque. Le film, bien que perçu comme inégal par la critique, s’inscrit bien dans un même et long propos à travers différentes mise en scène et touche par sa poésie funèbre. Le duo de réalisateurs s’affirme une nouvelle fois comme élément indispensable du cinéma indépendant américain actuel et c’est avec plaisir que les spectateurs retrouvent la patte unique et absurde d’Ethan et Joel Coen.
Malgré sa qualité, ce n’est pas le scénario qui a mis ce projet sous le feu des projecteurs. En effet, le film s’est retrouvé au sein d’une polémique qui chaque jour trouve un nouveau rebondissement dans le milieu du cinéma : les plateformes de SVOD américaines. Ces plateformes vont-elles finir par tuer le cinéma en salle ? Telle est la question qui trotte dans toutes les têtes. Pour lutter contre l’influence de celles-ci, certains gouvernements n’hésitent pas à implanter des réglementations pour sauver la salle. Ainsi, de part sa présence sur Netflix, le dernier film des frères Coen ne sera pas projeté dans les salles de cinéma française. La France n’est pas le seul pays à ériger les barrières, l’Italie sort aussi les grands moyens avec un décret anti-Netflix stipulant un délai de 105 jours entre la sortie d’un film italien en salle et sa sortie en SVOD.
Cependant, n’est-ce pas la seule façon pour certains films au style atypique comme La Balade de Buster Scruggs d’exister ? D’après Joel Coen “financer un film de la sorte à Hollywood c’est désormais plus périlleux que de mettre en scène un cheval”. Aujourd’hui, à l’heure où les studio américains boudent les films à risques, Netflix, Amazon ou encore Google leur ouvrent les bras et sortent volontiers leur chéquier. Ils permettent à un cinéma d’auteur comme La Balade de Buster Scruggs d’exister et d’être connu. En 2018, la plateforme Netflix s’est ainsi imposée comme le plus gros financier du cinéma, avec 80 films produits en plus de ceux achetés pour la distribution.
Cette sortie met donc en exergue la difficile chronologie des médias en France et la puissance du géant américain Netflix, qui jette petit à petit son dévolu vers un cinéma d’auteur. En investissant dans un film comme La Balade de Buster Scruggs c’est l’occasion pour la plateforme de convaincre un client réfractaire : le cinéphile. Et les prochaines sorties risquent de faire céder même les plus tenaces. Après Les frères Coen, ça sera autour d’Alfonso Cuaron, de Martin Scorcese ou Steven Sordeberg de venir nourrir le catalogue du géant américain.
Sources :
https://www.ecranlarge.com/films/critique/1042789-la-ballade-de-buster-scruggs-critique-morcelee
https://www.24heures.ch/culture/cinema/ethan-joel-coen-flinguent-ouest-vrai/story/25649521