« International Service » : le #mécénat de compétences made in #USA

La Pro Bono Week, qui célèbre chaque année l’engagement de milliers de professionnels mettant à disposition leurs compétences professionnelles pour soutenir des causes d’intérêt général, est l’occasion de regarder ce qui se fait ailleurs dans le monde en termes de mécénat de compétences. Le cas des Etats-Unis est à ce titre particulièrement intéressant.

La genèse et les chiffres du Pro Bono aux Etats-Unis
Tout a commencé en 1961, avec la création de la Peace Corps, organisation américaine de coopération et d’aide aux pays en développement. Le président Kennedy la décrivait alors comme un service permettant d’envoyer « le meilleur de l’Amérique » aux autres pays. Cinquante-cinq ans plus tard, cette organisation reste le leader mondial dans la mise de ce que l’on nomme « International Service ».
Aujourd’hui, ceux qui veulent s’investir en ce sens disposent de plusieurs manières pour le faire. Une des tendances croissante est la mise à disposition des employés talentueux des entreprises américaines, qui utilisent leurs compétences professionnelles pour contribuer à la résolution différents problèmes mondiaux, du changement climatique en passant par les problèmes sanitaires et l’éducation des fillettes. Cette tendance s’est développée relativement rapidement : depuis 2008, ce ne sont pas moins de 25 grandes entreprises américaines qui ont envoyé plus de 8 000 employés s’engager dans près de 80 pays (sources : PYXERA Global).
Au cours des 3 dernières années, le Pro Bono -ou mécénat de compétences- est le programme de volontariat qui observe la croissance la plus forte au sein des principales multinationales dans le cadre de leur engagement sociétal. Aux Etats-Unis, ce sont désormais 54% des entreprises qui ont mis en place un programme de ce type (contre 43% en 2013 selon le rapport Giving in Numbers 2016 du CECP).

L’exemple du « Corporate Service Corps » d’IBM
Prenons l’exemple du programme « Corporate Service Corps » d’IBM, qui a fait équipe avec la Peace Corps : depuis 2008, il a permis à 2 400 experts de partir en équipe (jusqu’à 15 personnes) travailler pendant 4 semaines avec les agences gouvernementales, les PME, les institutions ou les organisations locales de près de 40 pays émergents, tout en continuant à toucher leur salaire habituel d’IBM. D’un montant de 65 millions de dollars sur 5 ans, ce programme a directement bénéficié à 140 000 personnes. Les projets mêlaient technologies et enjeux sociétaux : aide à l’implantation et à la pérennisation de réseaux de banques alimentaires en Amérique Latine, conception du business plan pour une entreprise indienne qui emploie des personnes handicapées, renforcement de l’accès à l’éducation pour de jeunes ghanéennes vivant en milieu rural….

Mais quel intérêt pour IBM d’interrompre le travail de ses plus brillants employés ?
Elle a simplement tout à y gagner, le retour sur investissement est réel. Ces périodes passées à l’étranger sont l’occasion pour les employés de diriger des équipes multiculturelles, de parler d’autres langues, de mieux appréhender les marchés émergents, d’aider des communautés à devenir auto-suffisantes et de résoudre des problèmes urgents à l’échelle mondiale. IBM peut aussi compter sur des salariés plus engagés, plus compétents, et fidèles au Groupe, c’est donc un véritable avantage compétitif pour l’entreprise. Les retours obtenus sont assez convaincants : 90% de volontaires estiment que cette expérience leur a permis d’améliorer leurs compétences managériales et 82% ont affirmé qu’elle avait renforcé leur volonté de travailler pour IBM.

Pour les entreprises moins étendues géographiquement, il est bien sûr possible d’agir à une plus petite échelle, sans envoyer leurs équipes dans des pays en développement. C’est par exemple le cas de Nielsen, qui mène des actions plus semblables à ce que l’on nomme « mécénat de compétences » en France : les associés utilisent leurs compétences pour résoudre certains problèmes sociétaux dans les champs d’action prioritaires de l’entreprise (Nutrition, Education, Diversité & Intégration, Technologie). Elle a entre autres travaillé aux côtés de Feeding America afin d’estimer l’insécurité alimentaire aux USA ou avec Special Olympics pour quantifier le pouvoir de consommation des foyers avec des membres handicapés.

 

SOURCES :

http://www.probonoweek.org/

http://cecp.co/pdfs/2016_Giving_Around_the_Globe_web.pdf

http://www.usatoday.com/story/opinion/2016/09/23/ibm-corporate-peace-corps-volunteers-column/90843356/

http://www.huffingtonpost.com/carmen-perez/pro-bono-service-not-just_b_12574804.html

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