Idée reçue : construire un logement social coûte cher

Depuis les années 1990, la demande de logements sociaux explose en France. Le nombre de nouvelles constructions, bien qu’en expansion, reste insuffisant pour accueillir tous les demandeurs, faute de budget. En 2011, le coût d’un logement social revenait à 140000€. Face à ce problème, qui ne s’applique pas qu’au modèle français, l’architecte chilien Alejandro Aravena a trouvé une solution simple : pour moins cher, on peut construire « la moitié d’une bonne maison ». Une idée surprenante qui a toutefois fait ses preuves au Chili, et a permis à l’architecte d’obtenir le prix Pritzker en 2016. De quoi inspirer les modèles de nos propres logements sociaux.

 

En effet, pour répondre à une demande de l’Etat qui était de loger 100 familles occupant illégalement la Quinta Monroy, bidonville d’Iquique au Chili, Aravena a proposé, pour un budget record de 7900$ (6867€) par logement, de construire des demi-maisons. L’idée : laisser volontairement les constructions inachevées, pour garder la possibilité à chaque famille de continuer par elle-même les travaux, selon ses envies et besoins. Ce projet a non seulement permis de loger ces 100 familles, mais aussi de les laisser vivre sur ce terrain proche de la ville plutôt que de les déplacer en périphérie où le prix du terrain est moins cher. Ces personnes continuent à bénéficier du réseau d’opportunité qu’offre la ville, et ont pu voir leur logement prendre de la valeur. Les maisons sont rangées alternant vide et plein, pour limiter l’espace au sol et densifier le quartier. La demi-maison a prévu dès sa conception de la place pour des extensions. L’auto-construction faite par la suite par les habitants leur permettra d’accéder à un niveau de classe moyenne. Une demi-maison originale comprend 36m2, mais peut s’étendre à 72m2.

 

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Demi-maisons livrées par les architectes VS demi-maisons améliorées par ses occupants

 

Les logements livrés par les architectes comprennent le minimum : toilettes, salle de bain, cuisine, escaliers. Mais ce bâtiment n’est qu’un support pour accueillir les créations des occupants, qui sont censés gagner en qualité et singularité avec le temps et l’augmentation de leurs revenus. Le coût de cette partie complémentaire à la charge des familles est recensé à 3000$.

 

Aravena soutient par ce projet que « l’auto-construction cesse de représenter un handicap et devient une partie de la solution. De plus, elle augmente l’estime de soi et la discipline des bénéficiaires. Ils souhaitent laisser à leurs enfants quelque chose qu’ils ont eux-mêmes contribué à obtenir ».

 

Ce projet laisse à réfléchir sur les stratégies à adopter pour nos villes futures. Il y a ici un éloignement de la vision occidentale du développement durable axé sur la performance technologique (qui coute cher), pour se rapprocher d’une vision qui prend en compte le terrain tel qu’il est pour en tirer le meilleur parti.

 

 

Sources:

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/04/04/reforme-des-hlm-que-represente-le-logement-social-en-france_5280726_4355770.html

https://www.prets.caissedesdepots.fr/IMG/pdf/eclairages_-_no1.pdf

https://lepaveblog.com/2017/01/20/la-demi-maison-alejandro-aravena/

https://leblogdenathaliemp.com/2018/04/21/les-demi-maisons-daravena-ou-le-social-autrement/

https://www.detailsdarchitecture.com/tag/elemental/

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