Gus Van Sant, icône du #CinéIndé américain, honoré à Lausanne

Du 1er novembre au 21 décembre se tient une rétrospective de l’œuvre du cinéaste américain Gus Van Sant à la Cinémathèque suisse de Lausanne, créée avec la Cinémathèque Française et le Musée du Cinéma de Turin. En parallèle, le Musée de l’Elysée (toujours à Lausanne) organise une exposition du 25 octobre 2017 au 7 janvier 2018, qui revient sur l’ensemble de l’œuvre plastique du cinéaste c’est-à-dire ses films bien sûr, mais aussi ses photographies, ses dessins et ses peintures. L’occasion pour nous de revenir sur sa carrière et de parler #CinéIndé et Hollywood. 

My Own Private Idaho, avec Keanu Reeves et le regretté River Phoenix.

My Own Private Idaho, avec Keanu Reeves et le regretté River Phoenix.

Gus Van Sant, dont l’adolescence a été bercée par le rythme endiablé de la Beat Generation et du cinéma expérimental underground new-yorkais, fait ses débuts dans le cinéma indépendant avec des films tels que Mala Noche (1986), Drugstore Cowboy (1989) et My Own Private Idaho (1991). Des films qui annoncent les préoccupations de l’artiste et les quelques thématiques fortes qui traverseront son œuvre : l’adolescence, les marginaux, l’homosexualité, l’autodestruction et la mort. Thèmes que l’on retrouvera dans ses autres films indépendants, notamment dans la « trilogie de la mort » : Gerry (2002) où deux amis mènent une randonnée fatale dans le désert, Elephant (2003), Prix de la Mise en Scène et Palme d’Or, qui revient sur la tuerie de Colombine et Last Days (2005) où le cinéaste aborde les derniers jours de Kurt Cobain.

Puis, le cinéaste s’est rapproché de Hollywood pour des films plus classiques, plus commerciaux sans délaisser pour autant son goût de l’esthétique. Ce fut le cas avec Will Hunting (1997) ou encore Harvey Milk (2008). Et que cherchait-il à Hollywood ? : « De l’argent. Je voulais travailler avec Hollywood, rester indépendant tout en y trouvant une source de financement et un outil de distribution. » Aussi le réalisateur n’a-t-il pas d’appréhension vis-à-vis de la machine hollywoodienne, comme il l’explique de manière humble et posée : « Je laisse les producteurs lire mes scé­narios. Par crainte de me les mettre à dos, j’accepte leurs demandes. Comme l’a dit le réalisateur Hal Ashby: “On rencontre plein de problèmes avec les studios, mais on parvient finalement à réaliser nos films et à s’amuser, et ce sont eux qui paient !” » (Source : Le Courrier).

Harvey Milk, avec Sean Penn.

Harvey Milk, avec Sean Penn.

La vérité c’est que Gus Van Sant ne voit pas la différence entre cinéma indépendant et Hollywood « car toutes les sociétés de production ont, au final, un patron ». Cependant, le cinéaste nuance : « Cela dit, il est vrai que dans le cas de Hollywood, les temps ont changé. Les films dramatiques, qui jadis étaient au cœur de l’industrie, ne rapportent plus assez d’argent et sont plus difficiles à financer qu’il y a une vingtaine d’années. Les studios se sont rendu compte qu’ils pouvaient gagner beaucoup plus avec des films d’action; d’autres genres, comme la comédie et l’horreur, sont également extrêmement rentables. Durant les années 1970 et jusque peut-être dans les années 1990, les effets spéciaux étaient difficiles à réaliser. C’est pour cela, je pense, que l’action a depuis supplanté le drame. » (Source : Le Temps).

Que ce soit dans des films indépendants ou à Hollywood (même si ses films hollywoodiens sont plutôt tournés « à la façon » d’un film indépendant) Gus Van Sant sait garder «une liberté artistique qui irradie ­depuis les marges», selon Matthieu Orléan, commissaire de l’exposition (Source : Le Courrier).
Artiste polyvalent (peintre, photographe, compositeur, chanteur et évidemment réalisateur), il est un navigateur, un caméléon ou comme le dit Martin Scorsese un « contrebandier », un réalisateur capable de toujours exprimer en filigrane ses préoccupations profondes, qu’il travaille en indépendant ou à Hollywood. 

Boy and Girl, impression pigmentée numérique de Gus Van Sant.

Boy and Girl, impression pigmentée numérique de Gus Van Sant.

 

Enfin, assez parlé du passé, que nous prépare le talentueux Gus Van Sant pour le futur ? Eh bien, il tourne en ce moment-même Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot avec en tête d’affiche Joaquin Phoenix qu’il retrouve 21 ans après Prête à tout (1995). Le film se concentre sur la vie de John Callahan, un dessinateur tétraplégique à l’humour noir, mort en 2010 à 59 ans qui suscita la polémique pour ses bandes-dessinées et fut même boycotté dans sa ville natale de Portland. Le projet circule depuis plus de vingt ans à Hollywood et Robin Williams a même été envisagé dans le rôle-titre. Le film est attendu (c’est peu dire) pour 2018.

Dessin de John Callahan, dont est tiré le titre du film de Gus Van Sant.

Dessin de John Callahan, dont est tiré le titre du film de Gus Van Sant.

 

Sources :

https://www.swissinfo.ch/eng/picture-perfect_film–photography–art–why-gus-van-sant-isn-t-just-a-director/43626760

https://www.rts.ch/info/culture/cinema/9022288-gus-van-sant-certaines-des-oeuvres-exposees-viennent-de-mon-salon-.html

https://www.letemps.ch/culture/2017/10/24/gus-van-sant-ne-fais-difference-entre-cinema-independant-hollywood

https://www.lecourrier.ch/153971/artiste_tous_azimuts

 

 

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