Economie des #musées : vers une culture à deux vitesses ?

Le musée Rodin rouvrira ses portes jeudi 12 novembre. Pourtant, l’obligation à l’autofinancement de ses travaux questionne sur la nouvelle économie des musées.

En France, plus de 83% des musées sont publics. Ces derniers, victimes depuis plusieurs années de la chute des financements publics, de la croissance des prix du marché de l’art et de l’abondance de l’offre culturelle, se voient contraints de développer leurs recettes propres. Certains imaginent même le musée de demain 100 % privé.

Outre l’augmentation progressive de leurs tarifs¹, les musées courent après les visiteurs et multiplient les expositions dites « blockbusters » aux milliers d’entrées. Mais, alors que le musée d’Orsay a réussi à drainer 135 000 visiteurs pendant le premier mois de l’exposition Splendeurs et misères, le musée de Chambéry reçoit annuellement entre 4000 et 7000 visiteurs. Ce dernier, obligé à fermer ses portes 6/7 jours à cause de la baisse des dotations des collectivités, risque de fermer entièrement comme le Musée Maillol à Paris en février dernier.

Si la part du mécénat augmente, celui-ci souffre également de la crise. Elles aussi en quête de notoriété, les entreprises favorisent ces grandes expositions au rayonnement national voire international.

Une remise en question du système actuel…

Une économie à deux vitesses semble ainsi se mettre en place : d’un côté, les gros musées ayant les moyens de compenser la baisse des dotations grâce à leur notoriété et de l’autre les petits établissements, hors course semble-t-il. Une privatisation totale entrainerait probablement, à terme, la fermeture de ces derniers.

Mais, face aux difficultés budgétaires, la raison d’être des musées semble elle aussi reconsidérée. Lieu de conservation, le musée doit rendre accessible ses collections au plus large public possible² … Un objectif qui est incontestablement remis en cause face à l’augmentation des tarifs. Quant aux expositions blockbusters, elles mettent généralement en avant le travail d’artistes déjà connus du grand public et font l’objet d’un travail scientifique moins abouti. La dimension cognitive semble alors laisser de côté au profit de la notoriété, exception faite de Splendeur et misère du musée d’Orsay.

La redéfinition du « succès d’une exposition » par les pouvoirs publics pourrait-elle ralentir cette course à la popularité ? Le succès pourrait alors reposer davantage sur l’impact sur la recherche, les artistes ou encore les commissaires que sur le nombre de visiteurs.

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¹ : Il y a 10 ans le tarif plein d’entrée au Centre Pompidou était de 5,50€. Il s’élève à 14 € aujourd’hui.

^2 : Musée (définition du ministère de la culture et de la communication) : Les musées sont des institutions dont les missions sont de conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections, de les rendre accessibles au public le plus large, de concevoir et mettre en oeuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture, de contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion.

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Dans l’actualité cette semaine :

– L’ouverture d’un musée Jack l’éventreur en Angleterre fait débat

http://www.terrafemina.com/article/le-musee-jack-l-eventreur-propose-des-selfies-avec-des-femmes-assassinees-a-londres_a292644/1

– Un musée veut porter plainte contre la vidéo anti-FN de Frédéric Cuvillier

http://www.francetvinfo.fr/elections/regionales/regionales-un-musee-veut-porter-plainte-contre-la-video-anti-fn-de-frederic-cuvillier_1160957.html

– Le Musée Soulages de Rodez remporte la plus haute distinction architecturale espagnole

http://france3-regions.francetvinfo.fr/midi-pyrenees/aveyron/rodez/le-musee-soulages-de-rodez-remporte-la-plus-haute-distinction-architecturale-espagnole-844357.html

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Sources :

http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2015/05/10/la-fragile-economie-des-musees_4630817_3234.html

http://www.slate.fr/story/107807/musee-elitisme-tout-prix