#Donation : Un habitant de Biais offre des trésors archéologiques au musée de Jublains en Mayenne

 

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Quatorze haches et six bracelets et anneaux de cheville, au musée de Jublains. 

Et si vous trouviez, par le plus grand des hasards, des objets archéologiques vieux de 3000 ans ? Impossible ? Et pourtant non ! C’est bien ce qui est arrivé en avril 2015 à Michel, un mayennais, alors qu’il travaillait en forêt. Cet habitant de Biais a trouvé, à peine à quarante centimètres en dessous de la surface du sol, quatorze haches et six bracelets et anneaux de cheville datant de l’âge de bronze. Deux ans après son exceptionnelle et fortuite découverte, l’homme a décidé de faire don de ces pièces de bronze au musée de Jublains, qui viennent considérablement enrichir les collections de ce modeste musée. La famille a pris la décision d’offrir ces trésors au musée “pour faire profiter les autres, des objets aussi rares !”. Afin de remercier ce généreux donateur, le musée a fait cadeau à la famille de copies en résine des objets, afin qu’ils puissent à jamais se souvenir de leur formidable découverte.

En effet, l’enrichissement des musées par donations ne se fait pas toujours grâce à la bonne volonté de mécènes et philanthropes fortunés. Parfois, il s’agit simplement de dons exceptionnels de la part de citoyens sans attrait particulier pour l’art, sans fortune colossale mais avec une volonté de faire partager des trésors qu’ils ont pu obtenir de quelconque manière. La construction d’un patrimoine national est donc un acte collaboratif et fédérateur, qui réunit tant les grands noms de la philanthropie que les anonymes. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé  au musée de Saint-Dié, où le fils de Maurice Ehlinger, a décidé de faire don de cinq œuvres de son père afin de faire découvrir le travail de ce dernier mais aussi lui rendre hommage et contribuer à sa notoriété. Ces œuvres vont rejoindre le fond du musée de Saint-Dié qui recèle déjà des œuvres d’Ehlinger.

Cependant, il semblerait que les musées d’envergure mondiale ne puissent malheureusement pas faire fructifier leurs collections autrement que grâce à de riches donateurs ,amateurs d’art. En effet, la renommée des maîtres présents dans leur fond est telle qu’il est difficile qu’un simple citoyen puisse posséder une œuvre rare ou bien même en trouver une par hasard ! Les grands donateurs sont donc primordiaux, comme le montre le récent cadeau de Marie-Aline Prat au Centre Georges Pompidou. En effet, son mari (décédé en 2011) et elle-même étaient de grands amateurs d’art. Lors d’une vente aux enchères le 21 octobre, appelée « Regards croisés », la veuve s’est séparée de presque 200 œuvres mais a décidé d’en offrir huit au musée.

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Dans l’appartement de Marie-Aline Prat, , « exuberant relative #1 », l’installation de Haim Steinbach, 1986, étagère en bois laminé plastifié, deux brosses de toilette en plastique, deux casques en plastique et quatre canettes de bière, donné au Centre Pompidou

De son côté, le musée des Beaux-arts de Rennes a fait l’acquisition d’un tableau de Nicolas Prévost, artiste français du XVIIème siècle. Cette peinture vient enrichir les collections, déjà bien fournies, en art français du XVIIème siècle du musée. Cette œuvre a été achetée auprès d’un collectionneur privé et le montant reste inconnu. Afin de pouvoir continuer à enrichir ses collections, malgré les restrictions budgétaires et la rareté des donateurs, le musée de Rennes développe aussi une politique de dépôt. Le dépôt consiste, pour un musée, à accueillir pour une durée indéterminée une œuvre provenant d’une autre institution. Il s’agit généralement d’œuvres restées en réserve, qui ne peuvent pas être présentées par l’institution propriétaire du bien. Cela participe à faciliter l’accès du public à cette œuvre. Grâce à cela, le musée de Rennes pourra accrocher dans ses salles un nouveau tableau de Charles Le Brun, prêté par la Ville de Paris.

Il existe donc plusieurs façons pour un musée d’enrichir ses collections et différents montages peuvent être effectués afin de se procurer une œuvre. Les récentes acquisitions du musée de Fesch à Ajaccio nous permettent de revenir sur la politique de développement des collections menée par le musée ces deux dernières années. Il a entamé cette politique, en partie dans le but de rassembler des fonds artistiques nécessaires à l’ouverture d’un musée Napoléon. Pour cela, les modalités d’acquisitions ont été plurielles. Certains tableaux ont été achetés avec les fonds propres du musée, par exemple deux tableaux ont été achetés lors de la vente Forbes : un portrait Bonaparte par Claude-Marie Dubufe pour la somme de 12 000 euros (hors frais), ainsi qu’un tableau de Napoléon sur son lit de mort de Denzil Ibbetson pour un montant de 6 000 euros (hors frais). Un tableau a aussi eu un « financement mixte », en effet, le propriétaire a fait don de la moitié de la valeur du tableau et le reste a été financé par la Ville d’Ajaccio. Le tableau concerné est une importante esquisse de Jean-Baptiste Greuze. Certains tableaux ont aussi été offerts au musée par la Société des amis du musée de Fresch. Cette association regroupant des mécènes individuels grâce à une adhésion, a fait don, entre autre une aquarelle du Jardin des Tuileries de Jean-Baptiste Geoffroy. On voit donc là toutes les possibilités et mécanismes mis en place pour faire rayonner les collections d’un musée.

La multiplication des ressources pour l’acquisition d’une œuvre est aussi utilisée dans les musées d’envergure mondiale. Cependant, au vu des montants nécessaires à l’acquisition de l’œuvre, ces différentes modalités sont utilisées pour une seule et même œuvre. Par exemple, le musée du Louvre envisage l’acquisition du livre d’heures de François Ier. Le collectionneur détenant la pièce demande au musée 10 millions d’euros pour l’acquisition de ce trésor. Afin de réunir les fonds, le mécène Bernard Arnaud (et LVMH) fera don de 5 millions d’euros. Un million d’euros doit être réuni grâce à une campagne de crowdfunding en ligne. Le reste du montant sera fourni par le budget annuel alloué aux acquisitions et grâce aux fidèles mécènes du musée. On voit donc là aussi une multiplicité des techniques d’acquisitions, mécènes, philanthrope, mécénat individuel … Mais avec les sommes demandées pour l’acquisition d’une seule œuvre, on comprend la difficulté des grands musées français d’avoir recours uniquement à leurs fonds propres pour enrichir leurs collections.

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Livre d’heures de François Ier, convoité par le musée du Louvre

 

 

SOURCES

https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/un-nouveau-tresor-au-musee-de-jublains-des-haches-et-des-bracelets-de-l-age-du-bronze-1509733366

http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2017/11/03/un-don-au-musee-de-saint-die

https://www.connaissancedesarts.com/art-contemporain/le-centre-pompidou-fait-lacquisition-de-huit-oeuvres-majeures-provenant-de-la-collection-prat-1179890/

http://www.latribunedelart.com/une-acquisition-et-un-depot-au-musee-des-beaux-arts-de-rennes

http://www.latribunedelart.com/recentes-acquisitions-napoleoniennes-du-musee-fesch

http://www.lemonde.fr/arts/article/2017/10/26/le-louvre-lance-un-appel-aux-dons-pour-l-acquisition-du-livre-d-heures-de-francois-1er_5206342_1655012.html

 

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