#Disruption : la tête dans le cloud, les pieds sur Trump

Excentré comme excentrique, le magnat de l’immobilier Donald Trump devient le 45ème président des États-Unis. Une victoire « disruptive » ?president trump

Déjouant la multitude des pronostics, sondages et commentateurs journalistiques, Donald Trump a remporté les élections présidentielles américaines sans que ses sorties, du moins misogynes ou populistes, sinon provocatrices, lui eussent fait figure de balles dans le pied. Au contraire, ses promesses électorales frôlant l’élucubration (suppression de l’Accord de Paris, l’érection du mur à la frontière mexicaine…) ont fait mouche !  Bien que le taux d’abstention ait atteint 45,8% et qu’une majorité d’américains se soit rangée du côté de sa rivale Hillary Clinton, son discours « démagogique low-cost » à trouver preneur du côté d’une classe populaire blanche, déclassée et rurale en mal-être identitaire. Cet électorat, tout aussi bien d’adhésion que de protestation, s’est fait circonvenir par la promesse du retour d’une « Grande Amérique » sécuritaire et souveraine, réindustrialisée au « made in the USA » et instaurant « l’américanisme » en lieu et place du « globalisme ». Un faisceau de facteurs peuvent a posteriori expliquer -ou rationaliser- ce dénouement inattendu. L’un d’eux serait-il la disruption ?

Dans la sphère économico-entrepreneuriale, la disruption, rappelons-le, est originellement une technologie de rupture qui, loin de se contenter d’optimiser ou d’améliorer l’offre existante, bouleverse les règles de marché au point que les répercussions restent incertaines et contagieuses. Toute proportion gardée, la campagne de Trump a fonctionné sur le modèle de « l’économie collaborative » via une communication directe, sans ambages et affranchie des intermédiaires traditionnels. Une vraie start-up ciblant une classe populaire encore marquée par les stigmates de la crise et fantasmant sur le retour à un âge d’or industriel. Oui, mais la révolution industrielle appartient au passé tandis que la révolution numérique, support de la disruption, est, elle, bien présente et tend à faire disparaître notre conception du travail (au moins peu qualifié).images

C’est d’ailleurs ce qu’a souligné Bryan Cantrill lors de la conférence Structure à San Francisco, mercredi 9 novembre. A la tête du département technologique de l’entreprise Joyent, spécialisée dans le cloud computing, ce dernier a axé son discours sur la rupture galopante qui sépare les élites et les citoyens des zones urbaines technophiles –a fortiori de la Silicon Valley- et ceux des zones rurales. A l’instar du Cloud, de nombreux logiciels ou plateformes ont perturbé les business model traditionnels (taxi, hôtellerie…) dont l’une des conséquences passée au silence est la perte d’emploi. La classe ouvrière aurait pris conscience de ce phagocytage des industries par les « softwares » d’où la naissance d’une crise existentielle et d’une crainte des technologies voleuses d’emploi. « Le réel fait disruption ».

En somme, Trump a su saisir le moteur des industries technologiques, la disruption, pour l’adapter à son discours visant lesdits oubliés de la disruption. Un éléphant, ça Trump énormément…

 

Sources :

http://fortune.com/2016/11/09/silicon-valley-donald-trump-2/

http://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/hillary-clinton/sept-chiffres-surprenants-sur-l-election-americaine_1912709.html

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/12/election-americaine-donald-trump-a-repondu-aux-besoins-du-marche-en-s-affranchissant-de-tous-les-codes_5030107_3232.html

http://www.atlantico.fr/decryptage/donald-trump-futur-grand-president-olivier-dassault-2878011.html

http://www.lejdd.fr/International/USA/Marc-Dugain-Trump-c-est-la-defaite-de-la-democratie-823942

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