Deux #donations exceptionnelles au musée des beaux-arts de Boston : Le portrait d’Aeltje Uylenburgh de Rembrandt s’installe dans le Massachusetts

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Portrait d’Aeltje Uylenburgh, Rembrandt

 

Mercredi 11 octobre, le musée des beaux-arts de Boston (Museum of Fine Arts, Boston) a annoncé l’entrée de 113 œuvres du siècle d’or de la peinture hollandaise et flamande dans ses collections. Parmi elles, des chef-d’œuvres de Rembrandt, Rubens et Van Dyck. Ces donations résultent de la générosité de deux couples de collectionneurs : Rose-Marie et Eijk van Otterloo ainsi que Susan et Matthew Weatherbie. Pour accompagner ce cadeau exceptionnel, les deux couples financeront aussi la mise en place, au sein du musée, d’un centre de l’art néerlandais. Ces actes de philanthropie sont très courants et sont une source majeure d’acquisition pour les musées. Les américains sont très coutumiers de ces dons, comme le montre par exemple la donation Hays au musée d’Orsay en 2016 qui recensait presque 600 œuvres (Bonnard, Vuillard, Maurice Denis…) et dont le montant était estimé à 350 millions d’euros. Cette donation avait été saluée par le président de la République qui avait remercié en personne le couple Hays.

La culture et l’art ont toujours été une source de valorisation du territoire et un moyen de légitimation du pouvoir politique, ce qui explique, en partie, l’intérêt des élus pour ces problématiques. Cette influence dans le secteur culturel est visible dans les politiques d’acquisitions d’œuvres. La ville de Biot a acheté deux œuvres de Roger Capron pour la somme de 18 000 €, une acquisition très controversée par les élus de l’opposition, sachant qu’une convention signée en 2015 annonçait un montant de 7 500 € pour une seule œuvre. Cette acquisition permet à Biot, ville emblématique de la verrerie et de la céramique, de montrer son engagement pour l’art, de sensibiliser la population mais aussi rappeler son patrimoine : les deux œuvres sont des statues en céramique.

Le musée d’art moderne de la ville de Paris a reçu de la part de la Fondation Hartung-Bergman plus de 100 travaux d’Anna-Eva Bergman. Ces créations, exposées depuis le 20 octobre dans le musée, permettent à ce dernier de présenter un ensemble d’œuvres de l’artiste cohérent et représentatif de son art ainsi que d’enrichir considérablement ses collections. Cette donation n’est donc pas un « cadeau » d’un philanthrope individuel mais un échange entre deux entités culturelles. En effet, les donations et acquisitions d’œuvres pour les acteurs du domaine culturel se font toujours dans la cohérence des collections et avec une volonté de rendre accessible l’art au plus large public. C’est pour cela qu’il n’est pas étonnant de voir la fondation Hartung-Bergman se dessaisir d’une centaine d’œuvres au profit d’une institution plus grande afin de contribuer à la  prospérité et la démocratisation de l’artiste.

Bien que l’acquisition soit de plus en plus difficile du fait de la conjoncture économique actuelle, certains musées se défont de certaines œuvres. Car ce qui inquiète le plus les établissements culturels, bien au-delà de leur peur de non-renouvellement des collections, ce sont les œuvres « mal acquises ». En effet, deux tableaux du musée de Strasbourg vont être prochainement restitués à l’Etat autrichien. Ces deux tableaux auraient été saisis par l’Allemagne nazis lors de l’Anschluss en 1939 pour décorer la chancellerie. Cette restitution montre une volonté de transparence de la provenance des œuvres et de régler toute question concernant « les biens mal acquis lors des conflits ». Une des psychoses lors de l’acquisition est donc de réaliser, à posteriori, que l’œuvre est le fruit des spoliations nazies. En effet, ces œuvres spoliées ont souvent des origines troubles et sont imprescriptibles. Les institutions nationales deviennent alors de plus en plus frileuses vis à des acquisitions : un seul doute sur la provenance peut annuler l’acquisition, même si il s’agit d’une œuvre primordiale et que l’institution a largement les moyens de se la procurer. De plus, si une œuvre achetée au prix fort, s’avère être le résultat d’une spoliation, elle doit être rendue au propriétaire, sans dédommagement pour l’institution : un risque financier considérable.

 

SOURCES :

http://www.lejournaldesarts.fr/site/archives/docs_article/147732/une-donation-exceptionnelle-pour-le-museum-of-fine-arts-de-boston.php

https://www.nytimes.com/2017/10/11/arts/the-museum-of-fine-arts-boston-to-receive-two-major-donations.html

http://www.nicematin.com/vie-locale/biot-fait-lacquisition-de-deux-oeuvres-de-capron-171852

http://www.nordinfo.com/culture/acquisition-doeuvres-dart-collection-de-ville-de-sainte-therese-senrichit/

http://www.fondationhartungbergman.fr/sitehhaeb/Donation-Anna-Eva-Bergman-au-Musee

https://www.connaissancedesarts.com/evenement/donation-anna-eva-bergman-de-la-fondation-hartung-bergman-au-musee-dart-moderne-de-la-ville-de-paris/

http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2017/10/20/deux-tableaux-des-ecoles-nordiques-du-musee-des-beaux-arts-de-strasbourg-vont-etre-prochainement

http://www.latribunedelart.com/acquisitions-des-musees-l-obsession-de-l-historique

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