#Cinéma : Le retour de Ken Loach pour notre plus grand bien

À 80 ans, Ken Loach n’a pas baissé les armes. Habitué du festival de Cannes, avec treize longs-métrages sélectionnés et sept prix reçus, il a gardé intact sa colère et son humanisme. Moi, Daniel Blake, sa deuxième Palme d’or à Cannes après Le vent se lève, n’échappe pas à la règle. Le cinéaste a enquêté pendant de longs mois avant de passer derrière la caméra pour dénoncer les absurdités du système administratif d’allocation britannique.

 

Le film raconte l’histoire de Daniel, un menuisier de 59 ans qui a travaillé toute sa vie jusqu’à ce qu’il soit victime d’une crise cardiaque. Ses médecins sont alors formels : Daniel doit arrêter de travailler après cet incident qui a failli lui être fatal. Selon la loi, il est légitime à réclamer une pension pour vivre.  Mais en passant les examens de santé de la sécurité sociale anglaise, les médecins sous-traitants décrètent, sous prétexte qu’il arrive encore à bouger ses jambes et ses mains, que Daniel est toujours apte au travail et qu’il ne touchera aucune indemnité. Il s’enfonce alors dans la pauvreté et se retrouve dans une situation absurde et sans issue : essayer de toucher l’allocation chômage en prouvant qu’il cherche un travail, mais qu’il ne peut exercer à cause de ses problèmes cardiaques.

Un jour, alors que Daniel attend dans le bureau du “Pôle emploi” britannique, il fait la rencontre d’une jeune femme, Katie, elle aussi broyée par ce système. Il lui propose de l’aider, une aide gratuite et désintéressée, et les voilà liés par la solidarité face à l’humiliation imposée par la précarité. “Dan”, qui a perdu sa femme et qui n’a jamais eu d’enfants, devient une figure paternelle pour Katie et ses enfants qui viennent d’arriver à Newcastle, sans argent. Malgré ses propres difficultés, il soutiendra cette famille et redonnera un sens à son existence à travers ce qu’il sait faire : la menuiserie et les travaux manuels qu’il a exercé pendant 40 ans.

Mais qui est ce Daniel Blake, sinon Ken Loach lui-même ?
Ce réalisateur n’a cessé au cours de sa carrière de dépeindre la misère de son Angleterre, de cette population que plus personne, sauf lui, n’appelle la classe ouvrière. Il s’exprime pour tous les oubliés du système, les laissés-pour-compte, et permet à une partie de ces derniers de voir leur vie à l’écran. C’est en cela que Ken Loach se rend utile pour la société, à travers le cinéma. D’ailleurs, le cinéaste ne fait pas que dénoncer. Dans une certaine manière, son film veut aussi nous rassurer, notamment à travers la fraternité humaine qui lie Daniel et Katie. Ken Loach est toujours aussi volontariste, il veut témoigner et aider à avancer.
Une leçon de colère et d’espoir donc, qui mérite amplement la Palme d’or 2016.

 

Source : 

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-241697/critiques/presse/

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