La semaine dernière, l’excellent label originaire d’Amsterdam Music From Memory annonçait sur les réseaux sociaux leur dernière sortie de l’année 2016 : la réédition sous la forme d’un EP de quatre morceaux du trio Becker / Stegmann / Zeumer. Cette maison de disque n’est pas à son premier coup d’essai quant à la ressortie de morceaux anciens, bizarres, rarissimes, mais s’est au contraire spécialisée la dedans, et le succès est au rendez-vous. Le label ne cesse de faire parler de lui depuis 2013, il compte aujourd’hui 14 sorties sur ce principe, principalement axées sur la musique obscure des années 80, et a même réussi l’année dernière à intégrer le Top 20 des labels les plus influents de 2015 selon Resident Advisor.
Mais Music From Memory est loin d’être le seul label à redécouvrir pour nous des disques oubliés et cette pratique est presque devenue un genre à part entière défendu par de nombreuses maisons de disques plus ou moins indépendantes. On est loin des compilations habituelles de tubes connus et reconnus des années 80, au contraire, comme le confiait JB Guillot aux Inrockuptibles en 2015 : « L’objectif de ces rééditions, c’est de montrer qu’à chaque époque il existe une scène underground qui se construit en marge de la culture de masse » A l’origine de ces labels, il y a souvent un musicien, un DJ ou encore un simple collectionneur qui souhaite proposer à un public plus large des musiques qui n’ont pas eue selon lui leur chance ou qui en méritent simplement une seconde.
Lors d’une interview accordée au magazine Hartzine, Veronica Vasicka, fondatrice du label Minimal Wave nous racontait : « J’ai commencé à faire de plus en plus de recherches et réalisé que beaucoup de bonne musique n’avait pas été proprement sortie. Le point déterminant a été la fois où j’ai joué dans un petit club et j’ai mis The Devil’s Dancers par Oppenheimer Analysis, qui était seulement sorti en cassette à 200 exemplaires. Le public a immédiatement bien réagi ; il venait à la cabine du deejay pour demander ce que c’était. Cela a été déterminant pour le lancement du label, et m’a fait prendre conscience que je n’étais pas la seule à aimer ce genre. » Depuis Minimal Wave s’est affiché comme l’un des labels les plus représentatifs de ce courant avec 10 ans d’existence, et plus de 70 sorties dont 4 en 2016, quant à sa fondatrice elle joue désormais dans les plus grands festivals européens.
Et la France la dedans ?Il s’avère que les maisons de disque françaises ne sont pas restées en dehors de cette pratique, notamment Born Bad Records, affilié au disquaire parisien du même nom qui après une compilation sur le spirit jazz puis une autre sur le punk français des années 70, sortait l’année dernière une compilation sur le mouvement des Jeunes Gens Mödernes, ces groupes français post punk, souvent dénigrés, des années 80 qui proposaient une musique à la fois froide et mécanique qui résonne encore aujourd’hui toute aussi « möderne » qu’elle l’était à l’époque.
Discographie sélective
Deux – Decadence – Minimal Wave
The System – The System EP – Music From Memory
Trevor Jackson - Metal Dance (Industrial / Post-Punk / EBM Classics & Rarities 80-88) – Strut
Les Garcons – Re-Bop Electronique – We Release Whatever The Fuck We Want Records
Cha Cha Guitri – French Synth Wave, St Etienne , 1981 – Born Bad Record