5Pointz : la destruction d’un haut-lieu du #graffiti peut-elle permettre la reconnaissance du droit des artistes ?

Il y a maintenant 4 ans, Jerry Wolkoff, propriétaire du bâtiment désormais connu internationalement sous le nom de 5Pointz, a choisi de blanchir les murs (effaçant ainsi le travail de milliers d’artistes) et de profiter de la prise de valeur immobilière de Long Island City (NY) pour y faire construire des hotels de luxe. Une situation anodine qui pourrait pourtant avoir une importante répercussion dans le monde de l’art et pour la reconnaissance du graffiti.

5Pointz

Dans les années 1990, Jerry Wolkoff propriétaire de vieux bâtiments dans le quartier de Long Island City (à l’époque peu attrayant) décide d’accueillir les graffeurs, leur permettant ainsi de peindre leurs oeuvres comme ils le souhaitent, du jamais vu ! Ces 20 000 m2 ont accueilli peu à peu des artistes du monde entier, devenant ainsi, la Mecque du graffiti : le lieu de convergence des graffeurs passionnés, confirmant ainsi le rayonnement de New York. Initialement coordonné par Pat Delillo et son projet Phun Phactory, c’est Jonathan Cohen (aka Meres One) qui reprend la ‘direction’ du lieu en 2002, le rebaptisant 5Pointz.

5pointz by mydailynews.com

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VARA

Visuel Artists Rights Act – 1990

Le VARA vise a protéger les droits moraux (destruction, modification…) des oeuvres reconnues, les artistes peuvent ainsi faire valoir leurs droits afin de préserver de la destruction certaines de leurs oeuvres ou recevoir des dommages et intérêts si celles si sont détruites (de 500 $ à 20 000 $). Le graffiti n’a cessé d’évoluer au cours des dernières années jusqu’à se faire une place dans les musées et ventes aux enchères, cependant la question d’un art initialement porté par le vandalisme porte à s’interroger concernant la notion de propriété et les différents droits accordés aux auteurs.

5Pointz vs. J. Wolkoff

La destruction du 5Pointz a été initié dès 2013 avec le blanchiment des murs, les travaux de destruction ayant quant à eux commencé en 2014. En complément, le propriétaire a annoncé vouloir intégrer certaines oeuvres à son nouveau complexe immobilier. Une vingtaine d’artistes (menés par Jonathan Cohen) se sont ainsi réunis afin de porter cette affaire en justice invoquant le VARA, soutenant que « Wolkoff n’aurait pas dû détruire la structure sans autorisation et sans préavis ». Les artistes, selon leurs dires, auraient voulu sauver ce qu’ils pouvaient des oeuvres existantes et garder une trace de ce ‘monument’.

L’affaire, actuellement devant le tribunal fédéral de NY (les affaires concernant le VARA sont généralement réglées avant de passer devant le tribunal fédéral), permettra ainsi de fixer une jurisprudence concernant le droit des graffeurs sur leurs oeuvres. Pour l’instant, c’est aux experts de décider si oui ou non le 5Pointz fait partie de l’histoire du graffiti puis se sera aux 7 jurés de décider si les artistes méritent un dédommagement pour la destruction de leur travail.

Ce procès pose ainsi plusieurs questions inhérentes à la nature même de cet art et son développement : « Est-ce que les graffiti sont considérés comme de beaux-arts? Et si oui, le propriétaire a-t-il la responsabilité de le préserver? »

 

 

 

Sources :

 

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